
L'effroyable tragédie du FLN
C'est l'histoire d'un jeune homme carré comme un fromage, tout frais sorti moulé de l'indépendance, qui entre au FLN (Front de libération nationale) par la grande porte, c'est-à-dire celle de derrière.
Journaliste et écrivain algérien, chroniqueur du quotidien El Watan. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Nationale 1.
C'est l'histoire d'un jeune homme carré comme un fromage, tout frais sorti moulé de l'indépendance, qui entre au FLN (Front de libération nationale) par la grande porte, c'est-à-dire celle de derrière.
Des klaxons ininterrompus trouent le silence relatif d'une ville déjà en vacances. Non, ce n'est pas un classique problème d'embouteillage dû à l'infernale circulation d'Alger, ville étriquée autant géographiquement (car bâtie sur un escarpement) que moralement (car construite sur de la fausse pudeur). Une caméra surgit du toit d’une des voitures, et des youyous, cris féminins qui marquent la joie autant que le deuil, fusent des autres véhicules. C'est l'un des nombreux cortèges de mariage qui passent, réveillant la ville endormie par la chaleur.
Par définition en géométrie euclidienne, des droites parallèles ne se croisent jamais. Sauf par courbure de l'espace-temps, avec l'intervention des puissances internationales.
Près de deux ans après sa mort, le général 4 étoiles Bigeard, «héros» des guerres coloniales, a été entreposé au mémorial des guerres d'Indochine de Fréjus en grandes pompes par Jean Yves Le Drian, ministre socialiste de la Défense.
1er novembre, l'Algérie fête dans la sobriété l'anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance. En juillet 2012, elle avait fêté le cinquantième anniversaire de l'accession à l'indépendance, un peu n'importe comment, dans une débauche d'argent mal placé.
En noir et blanc, deux faces de la même médaille sans couleurs. C'est par cette phrase qu'un Algérien, admirateur déçu de Barack Obama, a commenté la réélection du président américain.
Le précédent record était détenu par Houari Boumediene, qui avait régné sur l'Algérie pendant 13 ans, 6 mois et 8 jours (entre 1965 et 1978) avec un pseudonyme, son vrai nom étant Mohamed Ben Brahim Boukharrouba. Mort en 1978 des suites d'une maladie rarissime du sang, la maladie de Waldenström, le colonel Boumediene avait laissé la voie ouverte à sa succession.
Mise à jour du 2 novembre 2012:"Droite française bête et méchante", "voyous" ou "réactions honteuses", dénonçaient des responsables algériens vendredi dans la presse après le bras d'honneur de l'ex-ministre français de la Défense Gérard Longuet sur une repentance française envers l'Algérie. Pour le Front de Libération Nationale (FLN, parti présidentiel), la réaction de M. Longuet "illustre parfaitement les actions de ce courant durant la colonisation, qui avait dans sa grande majorité soutenu les thèses développées par l'OAS", organisation extrémiste armée pour l'Algérie française.
Octobre 2012, le climat dans la grande vallée de l'Azawak s'est adouci après les brûlantes envolées de l'été, où les températures montent à 50°, et les turbulences météo du Printemps arabe, qui a aussi touché les zones mixtes arabo-africaines et réveillé les berbérités sahélo-sahariennes.
Mise à jour du 30 octobre 2012: Les Algériens veulent "une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre par le colonialisme français", a déclaré le 30 octobre à Alger le ministre algérien des moudjahidine (anciens combattants) Mohamed Cherif Abbas.
Les projecteurs s'allument. 17 heures, un vendredi mort à Alger, la rue Asselah Hocine s'anime inhabituellement, il se passe quelque chose.
Mise à jour du 19 septembre 2012: L’hebdomadaire Charlie Hebdo publie le 19 septembre des dessins satiriques représentant le prophète Mahomet, après une semaine de tensions et de violences dans le monde contre le film islamophobe «L’Innocence des musulmans».
En ce 11 septembre, Barack Obama aurait pu souhaiter un meilleur anniversaire. Lynché puis tué, le jeune ambassadeur américain en Libye a fait les frais de l'aveuglement islamiste.
Zone industrielle de Rouiba, dans la banlieue est d'Alger. Les centaines d'entreprises domiciliées sont à l'arrêt. Les 6.000 travailleurs de la zone ont décidé de ne pas se rendre au travail. Mais ce n'est ni une grève sauvage à l'algérienne ni une protestation politique organisée. C'est un moustique d'une espèce inconnue, qui a déjà envoyé près de 500 travailleurs à l'hôpital.
Alger, un vendredi frais et radieux. Jour saint et férié de la grande prière hebdomadaire, équivalent du dimanche des chrétiens, mais surtout celui des marchés, du commerce et de l'informel.
Une rentrée perturbée, avec des liaisons instables et des communications défaillantes. Pour la téléphonie mobile, le lancement de la 3G a été reporté, une énième fois, dans une terrible confusion, tout comme la gestion de la licence du premier opérateur de téléphonie mobile, Djezzy, racheté par le russe Vimpelcom, et dont la cession à l’Etat algérien est censée être toujours en cours de discussion.
En Algérie, dès qu'on a un problème, on coupe les routes. Toute autre action n'ayant aucune utilité du fait de l'absence de dialogue, de médias publics à l'écoute des citoyens, de relais de communication ou même d'élections libres. C'est un grand classique, un problème socio-économique ou politique survient ou perdure, la route est coupée par un groupe actif.
«On ne fait pas d'omelette sans casser les œufs, même si on a souvent cassé la poêle et l'omelette», expliquait un policier, aujourd'hui démissionnaire, pour résumer la terrible période entre 1992 et 1996, où un terrorisme inhumain a ravagé l'Algérie. Une cruauté aveugle des islamistes d'une part, des dépassements et exactions de l'autre, un affrontement sans morale encore traumatisant pour beaucoup d'Algériens.
Dès qu'il s'agit d'Algérie, les complots apparaissent. La récente médaille d'or de Taoufik Makhloufi sur le 1500 mètres, n'a pas été une longue ligne droite, claire et rapide. Qualifié, puis disqualifié, puis requalifié, il a arraché sa médaille à la suite d'absurdes complications. La malédiction algérienne?
Si les 53 drapeaux africains agités à Londres sont parmi les plus beaux de la planète, il n'en n'est pas de même pour les hymnes nationaux, souvent de pâles copies de monotones musiques symphoniques européennes. L'homme est né debout en Afrique et a commencé à courir, bien après dans un stade en Grèce, mais le continent noir est paradoxalement une terre de jeunes pays.
Malgré la saison touristique largement ouverte, l'Algérie refuse toujours l'ouverture des frontières avec le Maroc. Et vient de refuser la proposition du voisin tunisien sur la libre circulation des personnes entre les deux pays, avec une simple carte d'identité. Alger, vieille dame aigrie, aime vivre seule et suspecte tout le monde de vouloir profiter de sa tirelire.
Comme chaque été, la consommation d'électricité atteint des pics inégalés à cause de la chaleur, et des millions de climatiseurs se mettent en marche. Résultat, des coupures d'électricité. Résultat du résultat, les plombs sautent et des émeutes éclatent.
Les calendriers musulman (hégirien, lunaire) et occidental (grégorien, solaire) se décalent de 10 à 11 jours par an. Mais quel est le bon temps? D'abord un peu d'astronomie. Le monde tourne autour de l'argent, la lune autour de la terre qui tourne autour du soleil.Ce rythme de danse cosmique n'était pas partagé par les monothéismes originaux: le calendrier musulman (hégirien, daté de l'exil, ou hégire du Prophète) et surtout, le calendrier grégorien solaire.
Du délit d'«attroupement non armé», régulièrement utilisé par la justice algérienne pour condamner des militants libertaires, les juges, devant le peu de résultats de cette mesure, sont passés à un autre type de délit, «incitation à attroupement». L'intention prime désormais sur l'action.
Dans feux d'artifices —comme ceux qui ont démarré pour fêter le cinquantenaire—, il y a feu, qui renvoie certainement à cette passion dévorante qui a fait lever comme des épis cassés, femmes et hommes pour combattre la suprême injustice du vent violent. Mais il y a aussi artifice, du nom cousin de l'illusion, voisin du leurre et enfant de la façade.