
Akram Belkaïd, journaliste indépendant, travaille avec Le Quotidien d'Oran, Afrique Magazine, Géo et Le Monde Diplomatique. Prépare un ouvrage sur le pétrole de l'Alberta (Carnets Nord). Dernier livre paru, Etre arabe aujourd'hui (Ed Carnets Nord), 2011.
Mise à jour du 20 octobre 2011. Les forces du nouveau régime en Libye affirment avoir pris le contrôle de Syrte, le dernier bastion du régime déchu de Mouammar Kadhafi, après plus d'un mois de combats meurtriers. Selon le CNT (Conseil national de transition), le colonel Kadhafi serait mort. ***
Pour nombre d’observateurs, notamment des diplomates tunisiens et égyptiens, il faudrait désormais un miracle pour sauver la rébellion libyenne. Malgré leurs déclarations teintées d’optimisme volontariste, les membres du Conseil national libyen, l’instance qui siège à Benghazi, ont bien compris qu’ils sont seuls et qu’ils ne peuvent compter que sur leurs maigres forces.
Quelle sera l’issue de l’insurrection libyenne? Plus de quinze jours après le début du soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi, il est encore difficile de prédire à coup sûr la chute de ce dernier. Retranché dans son bunker de Tripoli, soutenu encore par une partie de l’armée et de ses forces paramilitaires, le Guide de la Jamahiriya semble décidé à s’accrocher coûte que coûte au pouvoir, malgré les pressions étrangères.
Ben Ali. On parle de moins en moins de lui. On le dit à l’agonie, peut-être même serait-il mort des suites d’un accident cérébral, là-bas, dans le royaume des Wahhabites.Leila absenteN’allons pas le plaindre, mais tout de même, quelle terrible fin! Il paraît que plus personne n’est à son chevet, puisque sa femme Leila serait repartie dans le Golfe ou en Libye.
Il aura donc fallu attendre un mois pour que l’Union européenne (UE) se décide à proposer une aide concrète à une Tunisie qui peine à sortir de l’insécurité provoquée par les sbires et affidés de l’ancien régime.
Zine el Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak ayant dégagé, qui sera le prochain despote qui sera obligé de quitter le pouvoir? La Révolution tunisienne avait provoqué un souffle contestataire à travers le monde arabe, mais il est évident que les conséquences de ce qui vient de se passer en Egypte seront encore plus énormes.
Il ne démissionnera pas et il ne se sauvera pas comme Ben Ali. En prononçant un discours enregistré à l’avance et visiblement réduit au montage, le président Hosni Moubarak a donc pris le risque de provoquer son peuple, et de mettre son pays à feu et à sang. Il faut dire que nombre d’Egyptiens s’attendaient à ce que le raïs annonce au moins son retrait de la vie politique et sa décision de transmettre toutes ses prérogatives à son Vice-président Omar Suleiman. Il n’en a rien été.
Les voyages gratuits de Michèle Alliot-Marie à bord d’un avion privé appartenant à un homme d’affaires tunisien ne sont rien d’autre que l’illustration du comportement —hélas très fréquent— de nombre d’élites françaises au Maghreb. En ce sens, il faut se garder de tomber dans le piège et faire de la ministre des Affaires étrangères un cas isolé.
A quoi jouent les Américains? Au-delà des conséquences possibles de la fureur de la rue égyptienne et des risques de propagations de l’intifada arabe à d’autres pays comme l’Algérie ou la Jordanie, cette question tourne en boucle dans les chancelleries, les rédactions de presse et les foyers, de Rabat à Mascate. Après avoir joué un rôle de premier plan dans le départ de l’ex-président Ben Ali, Washington a visiblement décidé de ne pas soutenir coûte que coûte Hosni Moubarak.
[Mise à jour du samedi 29 janvier: [Guardian] Moubarak a nommé son chef du renseignement Omar Suleiman vice-président, rapporte l'agence de presse officielle égyptienne. L'Egypte n'avait pas eu de vice-président depuis l'arrivée au pouvoir de Moubarak en 1981. C'était lui-même qui occupait ce poste avant d'être président.]
La chute du régime du président Ben Ali engage la Tunisie dans une période de grandes incertitudes. Il est en effet trop tôt pour parier sur l’avènement d’une «nouvelle république» ou d’une «deuxième république» tunisienne qui serait démocratique, pluraliste et respectueuse des droits de la personne humaine. Observée avec espoir ou inquiétude dans le monde arabe, la «révolution du jasmin» fait déjà face à plusieurs défis. Voici un tour d’horizon des principales interrogations sur un processus né d’une révolte populaire.