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Mali - Les vraies raisons de la démission du Premier ministre
Comment la démission forcée de l’ex-Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra peut-elle s’expliquer? C’est la question à laquelle tente de répondre le quotidien L’Essor du Mali ce 12 décembre.
Selon lui, le principal défaut de Cheick Modibo Diarra est de ne pas avoir su fédérer autour de lui les différentes forces politiques, pour faire avancer la transition visant à rétablir l’ordre constitutionnel. Dans un Mali où les institutions sont livrées à elles-mêmes depuis le début de la crise, il était pourtant essentiel de s’avoir s’imposer.
Le style de Modibo Diarra, qualifié d’«abrupt» par le quotidien malien, a été pour beaucoup dans le mécontentement de la classe politique malienne, qui a eu le sentiment d’être parfois délaissée par l’ex-Premier ministre.
«Celui-ci a, en effet, toujours considéré les formations politiques traditionnelles comme peu représentatives de la grande majorité de la population. Son discours se calait donc systématiquement sur le "peuple", par-dessus les "élites" et, à l’occasion, contrent-elles».
Pour le quotidien L’Essor, Cheick Modibo Diarra n’a pas su composer avec les forces en présence. Mais la faute revient aussi au fameux accord-cadre signé au mois d’avril, censé mener la République malienne vers une sortie de crise.
«Le problème réside autant dans la personnalité du chef de gouvernement à nommer, que dans la définition du périmètre de ses pouvoirs» indique ainsi le quotidien L'Essor.
Car l’accord-cadre prévoyait de donner au Premier ministre le rôle de «chef du gouvernement, disposant des pleins pouvoirs».
Un rôle que Cheick Modibo Diarra aurait pris un peu trop au pied de la lettre selon le quotidien malien:
«L’interprétation littérale des "pleins pouvoirs" adoptée par le Premier ministre sortant (…) était fondamentalement porteuse de conflits».
Et L’Essor de conclure:
«Une personnalité moins égocentrique, plus au fait du jeu institutionnel et au style plus collectif s’impose aujourd’hui. Un oiseau rare? Non, juste un chef d’équipe de sang-froid, qui ne se trompe pas de boussole».
Le nouveau Premier ministre Django Cissoko pourra-t-il relever le défi?
Lu sur L'Essor
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