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Magasin de vêtements chinois dans une rue d'Alger, octobre 2006. © FAYEZ NURELDINE / AFP
Magasin de vêtements chinois dans une rue d'Alger, octobre 2006. © FAYEZ NURELDINE / AFP

La Chinalgérie, ce pays que la corruption menace de tuer

Il faudra, un jour ou l'autre, parler ouvertement et avec courage de la corruption chinoise en Algérie.

«Cherchez le savoir même en Chine», dit un prophète dans un désert.

«Cherchez l'argent, surtout en Chine», rétorque un Algérien, qui a compris.

Deux élections donc, en même temps, la première télévisée, la seconde secrète, les deux se partageant notre monde: Barack Obama aux Etats-Unis, le Parti communiste en Chine qui vient de tenir son congrès électif.

Quelle est la plus importante pour nous, peuple à gisements, sans puissance, sauf par le volume sonore de l'hymne? A creuser.

De la Chine, on importe, pour le moment, beaucoup de choses: une mosquée très grande, une autoroute, de mauvaises semelles, des feux d'artifices pour les 50 ans de l'indépendance et des mauvaises manières.

Cela crée des liens d'ailleurs et le plus important est celui qu'a dénoncé Hu Jintao, le président chinois sortant: la corruption.

C'est un pauvre secret algérien que connaissent les chefs d'entreprises, les vendeurs de ciments et les administrations.

Les risques du malheur

Même le président chinois sortant a qualifié la corruption de risque de malheur pour son pays. Et donc pour le nôtre.

Qu'y faire? Presque rien. Pour dénoncer la corruption, il faut au moins deux acteurs vivants: une société civile forte et vigilante, et, une association de lutte contre la corruption.

Pour la société civile, on la sait clientélisée, vidée, assise et dispersée par le bâton et l'opium. Pour les ONG algériennes? La dernière vient d'être interdite.

Surréalisme de la ruse: on a presque un parti politique par Algérien, mais le seul projet d'une association de lutte contre la corruption vient d'être interdit, sans explications.

Sans les deux? Rien: on peut prouver qu'un ministre vole et construit des palais, cela ne mène à rien, qu'à soupirer en collectif.

Algeria Made in China

Presque tout est chinois en Algérie, du milliard d'euros à l'ustensile. De la cuisine, aux méga-projets. De la corruption, au non-alignement. Des comptes offshore aux pressions sur les Etats.

De la mosquée religieuse, à la stèle laïque. Mais c'est de l'Occident que l'on parle quand on parle de menaces sur la souveraineté, de colonisation et de complot, pas de la Chine. Un jour, il faudra se réveiller bien sûr. Comme la Chine.

Et mesurer le poids de la Chine sur notre monde, parler ouvertement de ses règles de jeux, de ses lois sur nos têtes et de ses méthodes dans nos terres.

La Chine devient un empire en Algérie et elle a déjà des sous-traitants politiques et financiers. Des agents, honorables correspondants et trop de clients d'ailleurs.

Il faudra, un jour ou l'autre, parler ouvertement et avec courage de la corruption chinoise en Algérie.

Kamel Daoud (Quotidien d'Oran)

 

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Kamel Daoud

Kamel Daoud est chroniqueur au Quotidien d’Oran, reporter, écrivain, auteur du recueil de nouvelles Le minotaure 504 (éditions Nadine Wespieser).

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