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Haïti, victime oubliée de l'ouragan Sandy
L'ouragan Sandy, qui a dévasté la côte est des Etats-Unis, n'a pas non plus épargné le fragile Haïti. Le bilan est lourd.
En Haïti, toujours détruit par le tremblement de terre du 12 janvier 2010, l'ouragan Sandy a réveillé les peurs et porté, pendant trois jours, un coup dur au pays.
Maisons et routes effondrées, inondations, glissements de terrain, ponts détruits... Pour le moment, le bilan officiel est de 54 morts, 20 disparus et 18.000 familles sinistrées. (Consultez le bilan de l'ouragan Sandy en Haïti en PDF)
La région de l’Ouest (incluant Port-au-Prince) est la plus touchée par les inondations, avec parfois plus de 50 cm d’eau. De nombreuses plantations ont été détruites. Les acteurs de l’aide n’ont pas tardé à réagir, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a distribué trois tonnes de biscuits énergétiques ainsi que plus de 5000 kits choléra, selon l'Ocha, organisme de coordination de l'aide humanitaire.
L'ombre du choléra
Tous ont en effet peur, à présent, d’une résurgence du choléra, dans un pays où la maladie a fait environ 7400 morts depuis le séisme.
Pour faire face à la situation, le gouvernement a annoncé l'octroi de 350 millions de gourdes (6,3 millions d'euros) pour aider les régions affectées, rapporte LeMonde.fr. Tout l'enjeu est désormais de savoir comment cet argent sera affecté aux régions. Plusieurs villes sont coupées du reste du pays à cause des dégâts, une épreuve supplémentaire dans un Etat qui souffre déjà d'un manque terrible d'infrastructures, notamment en dehors de Port-au-Prince.
Les habitants des régions touchées doivent désormais faire "face à la lenteur des opérations d'assistance à la population", explique le journaliste Robenson Geffrard dans le Nouvelliste, seul quotidien du pays depuis le séisme.
Alors même qu’à Brooklyn on commençait mardi à vider les buildings de l’eau qui les avaient inondés, certaines régions en Haïti attendaient toujours l’intervention des autorités pour faire face aux risques d’épidémies de choléra.
"Paniers de solidarité"
En plus des subventions versées aux départements touchés (Sud, Sud-Est, Nippes, Grand-Anse, Ouest), le gouvernement a également distribué 1500 "paniers de solidarité" composé notamment de produits locaux, dans le quartier plutôt huppé de Kenscoff. Un moment immortalisé sur Instagram via le compte Twitter du premier ministre Laurent Lamothe.
Comme d'habitude en cas de crise, le chef du gouvernement a surtout appelé à l'aide la communauté internationale. Le Venezuela a déjà annoncé l'envoi de 240 tonnes de nourriture en Haïti.
Ne bénéficiant pas de la logistique des Américains, les Haïtiens, déjà affectés par les conséquences du séisme de 2010 et le banditisme qui reste très présent dans le pays, mettront sans aucun doute bien plus de temps à se relever de Sandy.
Pendant ce temps-là, le monde regarde en boucle les images de la Grosse Pomme sous les eaux. Comme si la souffrance des Américains, qui résonne comme un étrange écho aux blockbusters hollywoodiens mettant en scène la fin du monde, nous touchait plus que celle des Haïtiens.
Elodie Vialle
Cet article a d'abord été publié sur Youphil
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