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La reconquête du Nord-Mali ne se fera pas sans l'Oncle Sam
Les signes ne trompent pas au Mali, l'atmosphère est à la guerre. Celle-ci avance à grands pas et les Etats-Unis semblent de plus en plus sensibles à la question du Nord-Mali.
Loin de la clameur des profanes, les experts s’activent à mettre en place les moyens et les stratégies pour reprendre le Nord-Mali aux mains des bandes terroristes.
Militaires ou diplomates, Africains ou Occidentaux, le temps des préparatifs méticuleux est venu.
La Cédéao (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest), qui a fait une partie du chemin mais n’est pas encore parvenue à convaincre entièrement le Conseil de sécurité de l’ONU, est désormais épaulée par la communauté internationale.
La communauté anti-islamiste
Le coup d’envoi de cette mobilisation générale a été donné avec la réunion du Groupe de suivi et de soutien au Mali tenue à Bamako. Depuis lors, il y a comme une accélération des choses.
La France a repris sa coopération militaire avec le Mali, des bureaux de l’Union africaine et de l’ONU seront ouverts à Bamako. Le séjour actuel d’une délégation européenne dans la capitale malienne participe de cette convergence des efforts pour présenter un projet imparable à l’ONU en vue du vote d’une résolution sur l’intervention militaire.
En somme, le Mali peut compter sur l’Europe pour l’aider à se débarrasser des bandits et terroristes islamistes qui ont pignon sur rue dans la partie Nord.
Le retour des Etats-Unis
Le fait le plus important à noter est le pas fait par les Etats-Unis vers une plus grande implication dans le processus de libération du Nord-Mali. Oui, et c’est nouveau, les Etats-Unis se montrent de plus en plus attentifs à la crise malienne.
Même le candidat Mitt Romney, a manifesté un intérêt pour la question, en évoquant le Mali lors du dernier face-à-face télévisé avec Barack Obama.
Mais c’est probablement à Paris, dans des cadres plus spécialisés, et non sur les plateaux de télé, que se joue la nouvelle politique américaine pour le Sahel malien.
Visiblement, la distance avec laquelle l’Amérique regardait la crise malienne n’est plus d’actualité. Le temps de l’indifférence est révolu.
Prêt à l’action?
L’assassinat du diplomate américain en Libye a-t-elle définitivement convaincu Washington de s’impliquer à fond dans le dossier malien et sahélien? Le pays de l’Oncle Sam a-t-il compris que sa sécurité dépend aussi en partie du retour à la normale au Mali ?
En tout cas, cette arrivée des Etats-Unis dans les cercles de discussions pour envisager la guerre contre le terrorisme, est une bonne nouvelle pour les populations et les dirigeants sahéliens.
C’est un renfort précieux, tant du point de vue diplomatique, financier que militaire. Pour une expédition aussi délicate que celle de la reconquête du Nord-Mali et plus globalement de la désinfection du Sahel, aucun soutien n’est de trop, surtout pas celui des Etats-Unis, la première puissance mondiale.
On ne peut donc que scruter de près les résultats qui sortiront de la réunion de Paris. Verra-t-on enfin l’entrée de plain-pied des Etats-Unis aux côtés des nations déterminées et engagées comme la France et maintenant toute l’Union européenne? Ou est-ce juste un faux espoir donné aux Maliens et aux Africains?
Il est clair que l’Amérique joue gros dans le dossier malien. Son intérêt pour la paix dans la bande sahélo-saharienne se mesurera à l’aune de son degré d’engagement au Mali.
Mahorou KANAZOE
(Le Pays)
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