mis à jour le

L'intervention au Nord-Mali ne peut plus attendre
L'intervention militaire au Nord-Mali se précise. Le président Dioncounda Traoré a d'ailleurs appelé, le 19 octobre, à une action urgente.
Mise à jour du 22 octobre 2012: La France a décidé de reprendre sa coopération militaire avec le Mali, interrompue depuis un coup d'Etat en mars, alors que se prépare l'envoi d'une force internationale pour reconquérir le nord du pays occupé par des islamistes armés, a annoncé à l'AFP un diplomate français.
"En ce qui concerne la question militaire, le gouvernement français a marqué sa disponibilité à coopérer avec le Mali dans ce domaine", a déclaré Jean Félix-Paganon, envoyé spécial de la France au Sahel, avant son départ de Bamako dimanche soir.
*****
Un faisceau de facteurs nouveaux permet de croire en la possibilité d’une intervention militaire au Nord-Mali.
Ces événements viennent mettre un peu de lumière sur la grisaille observée il y a quelque temps et qui donnait lieu à une cacophonie générale.
La décision de la Guinée et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de libérer les armes maliennes bloquées à Conakry constitue sans doute, à cet égard, un développement majeur.
Les dirigeants, les militaires et le peuple maliens avaient fait une fixation sur ces armes, estimant que leur blocage est la preuve d’une mauvaise foi, sinon d’un complot, de la Cédéao.
Ils ont oublié que les importations des armes dans l’espace sous-régional obéissent à des règles. Or, jusqu’à l’avènement du gouvernement d’union nationale, le Mali était plongé dans un capharnaüm politique qui incitait à la précaution.
Feu vert
On ne savait pas qui faisait quoi. Certes, tout n’est pas encore réglé en matière de légitimité des autorités en place, mais la Cédéao a estimé qu’on peut faire avec. D’où sa décision enfin de laisser passer les armes.
Ce feu vert peut donc dégeler les relations entre une partie de l’opinion malienne et la Cédéao. Le rôle des pays voisins du Mali étant éminent dans la reconquête du Nord, il faut aussi scruter leur attitude. On peut, de ce fait, percevoir une certaine évolution, notamment dans la position algérienne.
Celle-ci va être encore plus conciliante avec la vision de la France, si l’on considère les échos favorables de la reconnaissance par François Hollande du massacre de manifestants algériens à Paris en 1961.
Les relations diplomatiques sont ainsi faites qu’elles s’enchâssent comme des cercles concentriques. En relançant la coopération avec Alger à travers cette reconnaissance, le président français instaure aussi des relations de confiance avec le pays de Bouteflika dans la gestion du dossier malien.
Tous favorables à une opération au Mali?
D’autres pays voisins du Mali, à savoir la Guinée Conakry, le Sénégal et le Niger, ont récemment réaffirmé leur soutien à l’intervention militaire. Le Niger notamment, qui vient d’être affecté par une nouvelle prise d’otages, s’est montré particulièrement intransigeant à l’égard des terroristes.
L’enlèvement de travailleurs humanitaires a en effet mis le président nigérien hors de lui-même. Si on fait donc le compte, seuls deux pays voisins du Mali restent dans l’expectative: le Burkina et la Mauritanie.
Le premier s’échine à réussir sa mission de médiation et la seconde doit gérer une crise interne marquée par la blessure par balles de son président. Mais peut-être qu’ils se rallieront à la majorité qui se dessine en faveur d’une opération militaire contre les insurgés islamistes.
Le contexte sous-régional voit donc de plus en plus les violons s’accorder. Pour preuve la réunion, ce 19 octobre à Bamako, du groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, en vue de coordonner les différentes actions pour une sortie de crise.
Il reste toutefois une grosse inconnue: la capacité de l’armée malienne à jouer les premiers rôles, comme elle l’exige. A-t-elle pansé ses plaies pour pouvoir affronter le défi qui se présente à elle? On attend de voir.
Mahorou Kanazoe
A lire aussi
Pourquoi les Maliens ont raison d'avoir peur
Nord-Mali: Pourquoi l'intervention militaire se fait attendre
Mali: La société civile libère la parole
Le Mali a vraiment perdu la tête
Guêpier malien, la vengeance de Kadhafi