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Commémoration du 17 octobre 1961. A Paris le 17 octobre 2012. AFP/THOMAS SAMSON
Commémoration du 17 octobre 1961. A Paris le 17 octobre 2012. AFP/THOMAS SAMSON

17 octobre 1961: Hollande n'en fait pas assez!

La presse algérienne a salué le geste de François Hollande mais s'interroge sur la portée d'un tel communiqué sur les futures relations franco-algériennes.

Une reconnaissance saluée, mais qui arrive un peu tard. C’est le sentiment d’une partie de la presse algérienne, qui revient sur la reconnaissance de la répression sanglante 17 octobre 1961 par le président français, François Hollande.

Les journaux marquent leur distance et relativisent un geste que les Algériens attendent depuis longtemps.

«La France fait, enfin, preuve de “lucidité”. Une fois n’est pas coutume, l’Elysée pond un communiqué pour reconnaître les massacres du 17 octobre 1961», ironise le site d’information Algérie-Focus.

Cela intervient 51 ans plus tard, précise le quotidien algérien El Watan, comme pour souligner le fait d’avoir attendu un demi-siècle pour reconnaître un événement sur lequel de nombreux historiens s’accordent.

«Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression», a reconnu François Hollande dans ce communiqué jugé «historique», rappelle l’Expression.

Un communiqué et après?

Un communiqué dont la presse prend acte mais qui ne suscite toutefois pas un enthousiasme débordant:

François Hollande «ne fait pas que réparer une injustice historique», ajoute le site Liberté-Algérie, avant de rappeler qu’il s’agit également d’un signal «fort» et «symbolique» envoyé à Alger avant la visite du président français prévue au mois de décembre.

Mais un communiqué suffit-il à «baliser le terrain à une véritable réconciliation entre deux pays qui ont une longue histoire en partage mais dont les relations sont souvent passionnelles», s’interroge le site du quotidien Liberté.

La France et l’Algérie, c’est plus d’un siècle de colonisation, huit ans de guerre et un mélange d’amours et de rancœurs qui se perpétue à travers les générations.

Le cinquantenaire de l’indépendance algérienne a été à l’image de ce mélange. Des deux côtés de la Méditerranée, les mémoires s’entrechoquent toujours et peinent parfois à s’apaiser.

Avec ce communiqué, François Hollande donne l’impression de vouloir rompre avec le déni des responsabilités françaises dans la guerre d’Algérie et ses conséquences en métropole.

Le président français «détricote» ainsi l’ère Sarkozy, fait encore savoir Liberté-Algérie. Dans le même temps, le site d'information se demande si le président français saura trouver les bons mots, les bons gestes lors sa visite à Alger.

De nombreux médias restent dans l’expectative.

...jusqu'à la repentance?

«La reconnaissance c’est bien, la repentance c’est mieux», résume le site Algérie-Focus, pour lequel «on ne guérit pas une blessure béante avec un simple communiqué.»

Depuis plusieurs années, Alger réclame «repentance» de la France pour ses crimes commis pendant la colonisation et la guerre d’Algérie.

«La France a tué des millions d’Algériens, pas seulement 182», surenchérit le site d’information arabophone Echorouk.

L’idée que François Hollande puisse se repentir au nom de la France a fait bondir une partie de la classe politque.

«Les déclarations de Hollande ne font pas l’unanimité», résume le quotidien algérien El-Watan.

Marine Le Pen du Front national a estimé que la reconnaissance des événements du 17 octobre 1961 par François Hollande «salit» et «divise» la France.

«A force d’abîmer son pays, son image, son histoire, on ne rend pas service à la nation», a fait valoir Henri Guaino, l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, devenu député UMP.

Leurs réactions en disent long sur le chemin à parcourir pour construire une relation apaisée entre les deux pays.

Nadéra Bouazza

 

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Nadéra Bouazza. Journaliste à Slate Afrique

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