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Mali - Les moutons de l'Aïd, otages de la crise
«La course aux moutons est lancée» à Bamako, a indiqué le quotidien malien l’Essor le 16 octobre. Dans les rues et sur les marchés de la capitale du Mali, on commence effectivement à chercher une bête à sacrifier pour le jour de la fête musulmane de l’Aïd El Kebir, qui aura lieu le 26 octobre.
L'Essor a fait le tour de quelques «garbals» —marchés aux bestiaux— de Bamako et a pu constater le manque d’approvisionnement dont souffrent les vendeurs et les acheteurs de mouton.
«Les commerçants de bétail ont peur d’aller dans (les) zones occupées, notamment Douentza, Gossi, Hombori et Boni (des localités du Nord-Mali)» lui a ainsi confié Samba Sall, chef du collectif des commerçants de moutons au marché du quartier de Lafiabougou à l'ouest de la capitale.
Or, comme l'a précisé le journaliste malien, les principales zones d'approvisionnement de Bamako en bétail se situent dans le nord du Mali, aujourd’hui passé sous contrôle des groupes islamistes.
Quelques commerçants téméraires ont pourtant décidé de se rendre au Nord-Mali.
C’est notamment le cas de Kola Ouane, qui a expliqué avoir «quitté Douentza dimanche passé après avoir sillonné les foires de Boni et Hombori où j’ai acheté près de 200 têtes. Je peux vous l’assurer: il y a assez de bétail dans ces zones pour approvisionner le pays».
Pour lui, c’est avant tout les multiples taxes qu’il faut payer aux administrations du sud qui posent problème:
«J’ai dû débourser 300.000 Francs CFA (environ 457 euros). Aux postes de police, à ceux de la gendarmerie, de la douane. A Konna (au centre du pays), même les militaires te somment de mettre la main à la poche. On n’a pas d’autre choix».
Ces multiples difficultés se répercutent directement sur les prix de la viande, qui ont plus que doublé, a indiqué l’Essor du Mali, et de nombreuses familles se trouvent dans l’impossibilité d’acheter un mouton pour le jour de l’Aïd.
Un chef de famille rencontré sur un marché s'est ainsi emporté:
«Les prix des moutons qu’on m’a proposés sont trop élevés. Est-ce que ces gens-là savent dans quelle situation se trouve le pays? Nous faisons déjà tant de gymnastiques pour joindre les deux bouts».
Et d’ajouter:
«Regardez ce petit mouton qu’on veut me vendre à 75.000 Francs CFA (115 euros environ). En temps normal je ne donnerai même pas 30.000 Francs CFA (environ 45 euros) pour cette bête. C’est vraiment sérieux».
Lu sur l'Essor
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