SlateAfrique

mis à jour le

Nord-Mali - Les femmes de Tombouctou contre-attaquent

«Nous n’avons plus peur de mourir, car nous sommes déjà mortes. Et comme on ne meurt pas deux fois, nous n’avons plus rien à perdre face à ces bandits déguisés en musulmans», a affirmé une habitante de Tombouctou au quotidien malien L’Essor.

Le 6 octobre, plusieurs centaines de femmes ont ainsi bravé les interdits et manifesté contre les agissements de la police islamique des mœurs de Tombouctou, aux ordres du commissaire Ahmed Moussa. Elles ont protesté contre ce dernier, «dont le passe-temps favori est la chasse aux femmes et aux jeunes filles non voilées» selon L’Essor du Mali.

«Il nous poursuit dans les rues, au marché. Et comme si cela ne suffisait pas, il se permet d’entrer dans nos maisons pour nous punir et nous humilier devant nos maris et nos enfants» a témoigné une autre femme dans le quotidien malien.

«Il nous brime pour rien. Pourtant ce monsieur (Ahmed Moussa) qui nous harcelle nous regarde avec envie quand nous sommes en prison sans voile. Ce sont des hypocrites» s’est indignée dans L’Essor une femme jointe par téléphone.

Dans un autre témoignage recueilli par Jeune Afrique, une habitante de Tombouctou est allée encore plus loin et a raconté que le chef de la brigade des mœurs «emmène certaines des femmes arrêtées chez lui pour les violer».

La manifestation du 6 octobre a ainsi dénoncé des méthodes jugées honteuses par les femmes interrogées. La marche, qui n’aura duré qu’une petite heure, était spontanée selon L’Essor du Mali, et a été dispersée par des islamistes armés qui ont tiré des coups de feu en l’air.

Après la manifestation, des membres d’Ansar Dine ont toutefois accepté de recevoir une délégation de femmes, qui se sont plaintes des «exactions physiques, attouchements et autres scènes d’humiliation» qu’elles subissent à Tombouctou selon L’Essor du Mali.

Lu sur L'Essor, Jeune Afrique

A lire aussi

Les islamistes à l'épreuve du bikini

Mali: La société civile libère la parole

Le Mali a vraiment perdu la tête

Guêpier malien, la vengeance de Kadhafi