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Le président de la CAF Issa Hayatou (centre) lors de la finale de la CAN 2012, le 12 février à Livbreville. REUTERS/Louafi Larbi
Le président de la CAF Issa Hayatou (centre) lors de la finale de la CAN 2012, le 12 février à Livbreville. REUTERS/Louafi Larbi

Comment sortir le football africain de la dictature

Le sport-roi en Afrique vit sous le règne d'un seul homme depuis 24 ans. Une longévité digne de certains autocrates du continent.

C’est fait. L'amendement algérien pour l'élection à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF) a été validé aux Seychelles, le 3 septembre 2012.

Désormais pour être candidat à la présidence de la CAF, il faut être ou avoir été membre de son comité exécutif. Bien qu’adoptée à une forte majorité —44 pour, 6 contre et une abstention—, cette loi n’en reste pas moins un cheval de Troie pour le président de cette institution, Issa Hayatou.

Pourquoi changer les règles du jeu à seulement quelques mois de l’élection du nouveau président de la CAF?

Même si l’on a vite clamé haut et fort que cette loi ne vise personne, il n’en demeure pas moins qu’elle est antisportive. De toute évidence, elle vise à éliminer les potentiels candidats à la présidence de la CAF, dont l’Ivoirien Jacques Anouma qui a déjà dévoilé ses ambitions pour ce poste.

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Certes, la loi entre en vigueur le 3 décembre 2012 et Anouma pourrait ne pas être frappé par la mesure. Mais la cabale semble si savamment orchestrée qu’on peut s’attendre au pire pour l’Ivoirien.

On aurait compris la pertinence d’une telle loi si elle avait été adoptée une à deux années avant une élection à la tête de la CAF.

On constate d’ailleurs qu’il aura fallu 24 ans au président Hayatou, qui règne sans partage sur cette grande instance sportive, pour qu'il se rende compte qu’il y a urgence à toiletter les textes relatifs à la candidature à la présidence de la CAF. Malgré le poids de l’âge et la fragilité de sa santé, le Camerounais ne veut pas céder son poste.

Or, ce ne sont pas les gens capables de diriger cette prestigieuse institution africaine de football qui manquent. On a des anciens joueurs, qui ont apporté et l’argent et la gloire à l’Afrique, qui peuvent présider aux destinées de la CAF avec succès.

Si de telles mesures avaient existé en Europe, Michel Platini ne serait pas aujourd’hui à la tête de l’UEFA, l'instance dirigeante du football européen. Il convient aussi de faire remarquer que si le président Hayatou a pu se présenter comme candidat à la présidence de la Fifa en 2002, c’est parce qu’il n’y avait pas de telles restrictions.

Pourquoi donc vouloir les imposer à d’autres personnes si ce n’est à la seule fin d’occuper ad vitam eternam ce poste?

Un réflexe de dictateur africain

A vrai dire, Issa Hayatou a le réflexe des autocrates.

Il est à l’image de son président Paul Biya, prêt à faire flèche de tout bois pour garder le pouvoir. Et à ce que l’on dit, l’enfant terrible de Garoua (dans le nord du Cameroun) aurait tenu à Mahé Island, aux Seychelles, des réunions secrètes avec des présidents de fédérations aux fins de les amener à valider l’amendement algérien dont il est le véritable auteur. D’ailleurs, il est bon aussi de tenir pour responsables ceux qui ont cautionné cette mascarade.

En vérité, le président Hayatou a manœuvré pour se faire réélire sans coup férir. Une pratique qui, jusque-là, est prisée par les chefs d’Etat africains qui tripatouillent leurs Constitutions pour se maintenir au pouvoir. Voilà que Issa Hayatou se révèle au grand jour et rejoint le banc infâme de ces dictateurs indécrottables.

Lorsque l’on occupe un poste pendant longtemps, on finit par s’émousser, d’où l’intérêt d’apporter du sang neuf pour plus de dynamisme. Outre cela, il est toujours bon de savoir passer la main avant d’y être contraint.

Malheureusement, Issa Hayatou n’en a cure. Et c’est bien dommage pour le football africain.

Dabadi Zoumbara

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