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La cérémonie d'allégeance au roi du Maroc le 21 août 2012 à Rabat. REUTERS/Handout
La cérémonie d'allégeance au roi du Maroc le 21 août 2012 à Rabat. REUTERS/Handout

Tribune: L'anti-Bay'a ou la clownerie du Trocadéro

Pour Mohammed Mraizika, les Marocains qui ont manifesté à Paris leur rejet de la cérémonie d'allégeance à Mohammed VI ne sont pas crédibles.

Le ridicule ne tue pas. Probablement, les animateurs —de la manifestation du 1er septembre à Paris contre la Bay'a, cérémonie d'allégeance au roi du Maroc—, une poignée de provocateurs, excités et inquisiteurs, de cette mascarade clownesque faite au nom «de la dignité» et de la liberté sur l’Esplanade du Trocadéro, survivront à leur «clownerie». Mais, dans quel état  et avec quelle crédibilité?

Gonflée à coup de « tweets» malveillants, enrobée dans des slogans fades, des non-sens, leur manœuvre s’est vite révélée une simple et simpliste «clownerie», un pétard mouillé lancé à l’indifférence générale des passants et de touristes plus attentifs à un spectacle de danse de rue qu’à leur pitrerie.

La fierté d'être marocain

Ce samedi 1er septembre la dignité était du côté de dizaines de MRE —Marocains résidents à l'étranger— de tous âges et de tous bords venus exprimer leur attachement aux valeurs supérieures et aux devises sacrées de leur pays. La fierté d’être marocain illuminait leurs yeux et les cris qu’ils scandaient exprimaient toute la sincérité d’hommes et de femmes libres.

L’instrumentalisation de concepts et l’usage abusif ou erroné de mots et de symboles, réduit souvent leur valeur et leur sens. Le mot dignité, donné comme couverture à la «clownerie» du Trocadéro, a subi un vrai outrage.

La dignité ce n’est surtout pas la remise en cause des valeurs nationales et historiques (en l’occurrence la Bay’a) pour le plaisir de mimer ou de singer ce qui se passe (en mal, dans le sang) ailleurs dans des contextes régionaux différents.

La dignité ce n’est pas prôner l’agitation, lancer l’anathème, verser dans l’insulte et l’agitation gratuite et porter atteinte à l’image extérieure de son pays pour satisfaire ou servir des agendas politiques inavoués.

La liberté c‘est d’exprimer son opinion dans le respect de celle d’autrui. La dignité c‘est de choisir sans contrainte de venir dire sa fierté d’être marocain sur l’Esplanade du Trocadéro. Et ce n’est pas le cordon de police et de CRS qui pouvait dissuader les MRE de signifier leur attachement aux valeurs fondamentales de leur pays.

Les Marocains résidents à l'étranger ont compris

La dignité pour un MRE aujourd’hui c‘est d’adhérer au processus d’instauration de l’Etat de droit en cours au Maroc ; c’est d’apporter sa contribution de citoyen responsable au développement humain et à la promotion de l’égalité et la justice sociale. C’est cette posture digne et raisonnée que le peuple marocain et les MRE ont compris et privilégié en juillet et novembre 2011.

Les initiateurs de la «clownerie» du Trocadéro l’ont, tout compte fait, appris à leurs dépend: n’est pas défenseur et promoteur de la dignité humaine qui veut.

La dignité (au sens que lui donne Kant dans la Critique de la raison pratique) qui doit être l’apanage et le fait de «tout homme en tant qu'être raisonnable», est une valeur et un droit humains universels. Elle est fondamentalement liée à la raison.

Est raisonnable, disent les philosophes, «celui qui est doué de raison et qui se conduit de manière sensée». Ceux qui ont animé la «clownerie» du Trocadéro ne sont ni raisonnables ni sensés. Leur manège n’a amusé personne et leur «pétard mouillé» s’est vite dissipé dans le ciel de Paris qui a vu plus digne et plus censé en matière de défense de la liberté et de la dignité.

Mohammed Mraizika

Chercheur en sciences sociales et ingénierie culturelle

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Mohammed Mraizika

Chercheur en sciences sociales et en ingénierie culturelle. Ancien directeur du mensuel Le Maroc.

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