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Maroc - Un journaliste tabassé à une manifestation anti-Bay'a (VIDEO)
Omar Brouksy, le correspondant de l’AFP à Rabat et ex rédacteur en chef du Journal hebdomadaire a été agressé le 22 Août à Rabat par la police alors qu’il couvrait une manifestation organisée par le Mouvement du 20 Février. Les Indignés du Maroc s'étaient rassemblés devant le Parlement pour dénoncer la Bay’a, la cérémonie d’allégeance à Mohammed VI.
«J’ai été directement visé par un groupe de policiers qui m’ont tabassé en sachant parfaitement que je suis journaliste», a expliqué Brouksy au site Demain qui publie une photo saisisante de l’instant.
Contacté par Reporters sans frontières (RSF), le journaliste a déclaré:
«Il était 18h15 (heure locale). Alors que je couvrais le rassemblement devant le parlement, une dizaine de policiers m'ont demandé de dégager. Je leur ai montré ma carte de presse, mais ils ont crié ‘Dégage ! Dégage !' Et là, ils ont commencé à me frapper. Partout. Notamment sur la bouche (…) J'ai le nez qui saigne.»
Et d’ajouter au site Demain:
«Il y avait mon confrère de Reuters qui a crié à mes agresseurs que j’étais journaliste à l’AFP. En vain. Cela ne les a pas empêchés de me frapper. Après l’agression, ils m’ont jeté à la figure: "Sahafi? Sir t’qaoud!" (Journaliste? Va te faire foutre!)»
Le site d’information Hespress a quant à lui mis en ligne sur YouTube une vidéo prise quelques instants après l’agression. On y voit Omar Brouksy parlemantant avec des représentants des forces de l’ordre dont un officier de police en civil et lunettes noires qui lui indiquait qu’il n’avait qu’à porter plainte devant la justice.
Les autorités marocaines ont rapidement réagi à l’incident. Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, l’ancien journaliste Mustapha El Khalfi a promis l’ouverture d’une enquête sur l’incident.
Depuis quelques semaines un vif débat avait émergé dans la société marocaine au sujet de cette cérémonie contestée: des opposants à cette cérémonie la considèrent comme archaïque et rétrograde. Pour ses frondeurs, elle traduit symboliquement le lien de soumission du peuple au monarque.
Alors qu'elle a lieu chaque année le 31 juillet, la cérémonie a été reportée pour cause de ramadan. L'absence de rituel avait agité la sphère médiatique marocaine: certains y ont vu une volonté de modernisation du protocole chérifien. A tort, puisque la cérémonie s’est tenue le 21 août sur l’esplanade du Palais royal de Rabat.
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