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Côte d’Ivoire: De la guerre civile, à la guerre psychologique
A défaut de conquérir le pouvoir, les ennemis du régime actuel optent pour une stratégie la peur.
De manière presque concomitante, le rapport d’enquête sur les violations des droits de l’homme survenues suite à la crise postélectorale ivoirienne, a été remis au chef de l’Etat; pendant que des attaques à l’arme lourde sont à nouveau perpétrées sur le territoire ivoirien.
Après la guerre civile qui a profondément traumatisé la population ivoirienne, voici venu le temps de la guerre psychologique, beaucoup plus pernicieuse.
Saborder le navire ivoirien
En une année d’exercice du pouvoir, les gouvernements Ouattara ont réalisé d’énormes œuvres en matière d’infrastructures économiques, sociales et culturelles.
Au niveau diplomatique, il est unanimement reconnu que la Côte d’Ivoire a fait un retour triomphal sur la scène internationale, jusqu’au plus haut niveau.
On racontait ici et là, que l’actuel chef d’Etat français ne souhaitait pas recevoir son homologue ivoirien, sous le prétexte qu’il serait un ami personnel du président Sarkozy. Certains ont donc été très déçus de constater que la logique des intérêts politiques, priment toujours sur les sentiments et les idéologies politiques.
Pour couronner toutes ces intenses activités diplomatiques, nombreux investisseurs ivoiriens et étrangers sont de retour en Côte d’Ivoire dans divers secteurs économiques. Plusieurs dettes du pays ont été annulées ou transformées en projets de développement par les Etats ou institutions créancières.
La stratégie de la terreur
Alors, confrontés à toutes ces réalités, certains groupuscules tentent par tous les moyens de faire échouer le pouvoir actuel. Des milliers de miliciens de divers horizons circulent encore dans la nature avec des armes de guerre, acquises lors de cette crise postélectorale.
Après avoir essayé en vain de déstabiliser le pouvoir par la force des armes, une nouvelle stratégie semble avoir été adoptée. Celle de la guerre psychologique, à défaut d’une nouvelle guerre civile, en terrorisant les populations.
Plusieurs groupes d’ex-combattants, revanchards ou frustrés pour diverses raisons et manipulés politiquement pour faire chuter le pouvoir sont donc en action.
Par exemple, les combattants d’IB (Ibrahim Coulibaly, ancien chef rebelle tué à la fin de la crise postélectorale) qui a beaucoup collaboré avec l’ancien pouvoir, ont tout intérêt à s’allier aux opposants en exil contre les FRCI et le pouvoir actuel. L’objectif est d’éroder le moral de la population et des investisseurs et engendrer un climat de terreur.
Point de réconciliation
Pendant plus d’un an, le chef de l’Etat et ses ministres, les membres de la Commission Dialogue, Réconciliation et Vérité (CDVR) ont multiplié en vain, les actions afin de permettre aux membres de l’ancienne majorité présidentielle de participer activement à la reconstruction du pays.
Le président de cette commission est allé jusqu’à se mettre à genoux publiquement, lors d’une réunion pour la réconciliation nationale, pour solliciter leur participation à ce processus de réconciliation et de paix.
Plusieurs réunions ont eu lieu avec les principaux cadres de l’opposition. Leur position reste toujours la même.
«D’accord pour la réconciliation nationale, mais, il faut d’abord libérer les camarades emprisonnés», en dépit des charges qui pèsent contre eux.
Déclarations révélatrices
Dans les colonnes de Soir-Info, Koua Justin, secrétaire national de la jeunesse FPI (Front populaire ivoirien, parti de Gbagbo) dit ceci:
«Le FPI combattra jusqu’au bout le régime en place. Je le dis chaque fois. Vite ce régime chutera, les ivoiriens se porteront mieux. Etc…»
Curieusement, quelques temps plus tard, un commissariat et un camp militaire à Abidjan, des positions des FRCI à Agboville, deux villages à Toulépleu et d’autres villes sont attaqués, ainsi que plusieurs autres assauts déjoués.
Toutes ces attaques qui ont fait plusieurs victimes ont occasionné un sentiment d’insécurité et réactivé le traumatisme psychique refoulé, au sein des populations.
A l’étranger, les médias occidentaux, friands de nouvelles sensationnelles, ont déjà commencé à relayer ces informations en boucle.
L’objectif est presque atteint
Pour les auteurs ou commanditaires de ces violences, l’objectif est presque atteint. Faire peur, créer la psychose, montrer à l’opinion internationale que la Côte d’Ivoire est aussi dangereuse que le Soudan, l’Irak ou l’Afghanistan.
De fait, cela peut entraîner un climat d’incertitude et de doute chez les nombreux investisseurs étrangers qui sont sollicités par le chef de l’Etat à chacun de ses voyages, pour venir investir en Côte d’Ivoire.
Quel que soient les auteurs de cette guerre psychologique à travers cette stratégie du chaos, plusieurs personnes ont manifesté leur joie, en fêtant ces drames dans les quartiers populaires d’Abidjan.
Pour elles, le 25 août prochain, le pouvoir devrait tomber, sous «l’offensive démocratique» lancée par Koua Justin, selon son expression. Le moment venu, chacun appréciera cette notion d’offensive démocratique du FPI.
Macaire Dagry
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