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Maroc- La dernière pantalonnade de Benkirane

Dans un communiqué officiel relayé par l’agence officielle MAP, Abdelilah Benkirane , chef du gouvernement marocain, a présenté des excuses officielles ...au roi Mohammed VI. Une première dans l’histoire des relations entre un souverain chérifien et son Premier ministre note le site d’informations arabophone Hespress

Motif de cette supplique : Benkirane avait accordé un long entretien au journal casablancais Assabah dans lequel le Premier ministre islamiste a déclaré «ne plus avoir de contact avec le monarque ni avec son entourage», ce qui a manifestement provoqué l’ire du Palais.

Dans le même communiqué, Benkirane explique le motif de ses excuses publiques :

«Cet entretien a été altéré, à la suite d’un excés de zéle et à la mauvaise foi du journaliste, lequel a amendé mes déclarations par des propos que j’avais précédemment tenus au journal La Vie Economique sur les relations soit disant difficiles que j’entretiens avec les conseillers du Roi. Mes propos ont été sortis de leur contexte» se défend benoîtement le chef du gouvernement.

«Je n’ai plus qu’à présenter mes excuses respectueuses au souverain si l'entretien que j'ai accordé à Assabah, de bonne foi et sans arriéres- pensées  a été sorti de son contexte et surtout mal interprété, et pouvant donc éventuellement heurter les sentiments de Sa Majesté ou ceux de ses respectables conseillers royaux».

«Par la même occasion, je tiens à renouveler mon défectible attachement et mon plus profond respect à Sa Majesté que Dieu le préserve» a ajouté Abdelilah Benkirane, plutôt réputé pour sa gouaille et son sens de la répartie débridé.

L’opinion publique a globalement jugé cette sortie pour le moins iconoclaste comme une énième humiliation infligé par le roi à son Premier ministre.

Entre les deux hommes, les relations ne sont plus au beau fixe, au point que L’Express affirme qu’il ne «fait plus rire le roi»  , alors que TelQuel pour sa part parle d’un véritable «bras de fer» .

D’ailleurs, les Facebookers marocains font remarquer que le communiqué de la Primature n’a pas été repris sur le site officiel du PJD, le parti de Benkirane, ni par le quotidien Attajdid, son organe de presse officieux. Preuve en soi qu’il a été dicté par l’entourage royal.

Pour enfoncer le clou, estiment nombre d’observateurs, le roi vient de nommer Driss Jettou, un technocrate proche du Palais et ancien Premier ministre à la tête de la Cour des comptes. Cette nomination est en effet chargée de symbôles: Mohammed VI place un homme de confiance à la tête d’une institution censée lutter contre la gabegie dans l’administration. Un domaine dont Benkirane voulait faire son cheval de bataille pour son mandat à la tête du gouvernement.

Par ailleurs, le directeur de la publication de «La Vie Economique», un hebdomadaire proche des milieux d’affaires et propriété d’Aziz Akhennouch, un industriel, lui aussi proche du Palais et de surcroît ministre dans le gouvernement Benkirane, a été licencié dans la foulée.

On est donc bien loin des «jours tranquilles» décrits par Jeune Afrique qui encensait en avril dernier la cohabitation singulière du roi avec son premier ministre islamiste. Le magazine panafricain écrivait : «Abdelilah Benkirane, est à l'épreuve du pouvoir, qu'il partage en bonne intelligence avec le roi Mohammed VI, en évitant soigneusement d'engager le moindre bras de fer».

Lu sur Hespress

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