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Ces athlètes africains qui ont illuminé les JO
Les Jeux de Londres ont consacré de nombreux athlètes africains. Des sportifs qui font la fierté de leurs pays et du continent.
David Rudisha — 800 mètres, médaille d’or
A Londres, le coureur a fait coup double. David Rudisha ne s’est pas contenté de ramener de l’or au Kenya. L’athlète a pulvérisé le record du monde en 1’40’’91.
Le 9 août 2012, David Rudisha devenait donc le premier homme à boucler deux tours de stade en moins d’une minute 41 secondes. Il transformait le 800 mètres en une épreuve de sprint.
Sa victoire n’était pas vraiment une surprise: «King David» règne sur le 800 mètres depuis l’été 2010. Le Kényan avait alors battu deux fois, à sept jours d’intervalles, le record du monde, vieux de treize ans.
Mais malgré ses performances, le guerrier massaï reste éloigné des médias. Voix fluette, sourire timide, David est l’antithèse du Jamaïcain Usain Bolt.
Certains expliquent son calme par sa culture, celle des Massaï, où la sobriété est synonyme de respect.
D’autres, arguent que le sportif s’est familiarisé très tôt avec l’or olympique. Car, Rudisha père, Daniel de son prénom, remporta l’argent sur l’épreuve du relais 4x400 mètres à Mexico, en 1968.
Héritage familial mis à part, David Rudisha a su s’entourer des meilleurs. A commencer par son entraîneur, Colm O’Connell. Le célèbre coach irlandais a déjà formé de grands champions comme Peter Rono et Wilson Kipketer.
Tirunesh Dibaba — 10.000 et 5.000 mètres, médaille d’or et d’argent
Reine éthiopienne du 10.000 mètres, Tirunesh Dibaba conserve son titre. Et gagne, à 27 ans, sa troisième médaille d’or olympique.
Mais si «la Bolt du fond» perpétue son règne sur le 10.000 mètres, elle perd son titre sur le 5.000. Et laisse échapper le doublé olympique.
Un titre ravi par une autre Ethiopienne, championne de la discipline aux Jeux d'Athènes, Meseret Defar.
Pour la deuxième fois consécutive, Tirunesh Dibaba remporte la médaille d'or dans l'épreuve du 10.000 mètres/Kai Pfaffenbach / Reuters
Ezekiel Kemboi — 3.000 mètres steeple, médaille d’or
Sa médaille n’est pas vraiment une surprise. Le Kényan, double champion du monde, a pulvérisé la concurrence sur le 3.000 mètres steeple.
Kemboi peut s’enorgueillir de remporter deux fois de suite, après Athènes, en 2004, le graal olympique.
Une médaille finalement peu surprenante. Car, depuis 1984, le Kenya a toujours gagné l’or sur cette épreuve.
Et justement, l’autre favori de la course était lui aussi kényan. Il s’agit de Brimin Kiprut, champion olympique en 2008 à Pékin.
Mais cette fois-ci, le maître a chuté. A 600 mètres de l’arrivée, Kiprut s’est écroulé, permettant à Kemboi d’outrageusement dominer la course.
Kemboi fête son sacre avec son ami français Mahiedine Mekhissi/Reuters- Lucy Nicholson
Tiki Gelana — Marathon, médaille d’or
Sous une pluie battante, la jeune éthiopienne de 24 ans s’est imposée devant la Kényane Priscah Jeptoo.
A Londres, Tiki Gelana ne s’est pas contentée de la plus haute marche du podium. La coureuse a aussi battu le record olympique, en 2 heures 23 minutes et 7 secondes.
Et, une fois encore, l’héritage familial est à l’honneur. Car la jeune Ethiopienne n’est autre que la nièce de Gezahegne Abera, champion olympique masculin du marathon de Sidney, en 2000.
Taoufik Makhloufi — 1.500 mètres, médaille d’or
La seule médaille algérienne de ces Jeux a des odeurs de soufre.
Le parcours olympique de l’Algérien est improbable, imprévisible et pour le moins incongru. Si Taoufik Makhloufi a remporté l’or à l’épreuve du 1.500 mètres, sa victoire a fait couler beaucoup d’encre.
Taoufik Malhloufi était qualifié pour deux épreuves: les 800 et 1.500 mètres.
Mais après s’être assuré une place en finale du 1.500 mètres, le champion algérien était beaucoup moins motivé à l’idée de participer aux 800 mètres.
Pour se concentrer sur la première épreuve, l’Algérien a tout simplement arrêté de courir les séries après quelques mètres.
Mais le CIO n'a pas apprécié. Armé de l’article 142 de sa charte, le Comité a décidé d’exclure Taoufik Maklhloufi des Jeux pour «mauvaise foi et manque de combativité».
Quelques heures plus tard, revirement de situation. Le CIO exige de l’athlète qu’il fournisse un certificat attestant de sa blessure.
Contre toute attente, Taoufik Malhloufi livre un certificat médical signé par deux médecins de la Fédération internationale d’athlétisme.
Ces derniers attestent que l’Algérien «souffrait d'une blessure douloureuse qui, toutefois, avec un traitement approprié, pourrait lui permettre de courir 24 heures plus tard.»
Un traitement visiblement efficace, puisque moins de vingt-quatre heures après sa blessure, Taoufik Makhloufi devenait champion olympique du 1.500 mètres. Et ce, avec une facilité impressionnante.
Malgré la polémique, l’Algérie fête son champion. Car à 24 ans, Taoufik Makhloufi décroche la première médaille d’or olympique algérienne en athlétisme depuis 12 ans.
Stephen Kiprotich — marathon, médaille d’or
Avant les sept derniers kilomètres de la fin du marathon, tout le monde s’attendait à voir les Ethiopiens et les Kényans se disputer la plus haute marche du podium.
C’était sans compter l’Ougandais Stephen Kiprotich, qui s’est finalement imposé. Loin devant le double champion du monde kényan Kirui, l’Ougandais a tenu la distance, sous un soleil ardent, peu propice à ce genre d'efforts.
Le Kénya, (hommes et femmes confondus) aura donc échoué à gagner les épreuves du marathon.
Stephen Kiprotich offre à son pays sa première et seule médaille d’or olympique. Une performance qui fera date dans le pays. Car depuis sa première participation aux Jeux, en 1956, l’Ouganda n’a remporté que deux médailles d’or.
Stephen Kiprotich succède donc à John Akii-Bua, champion olympique du 400 mètres haies, en 1972.
Cameron Van Der Burgh — 100 mètres brasse, médaille d’or
Le Sud-Africain a remporté l’épreuve en battant le record du monde en 58’’46. Un record auparavant établi par l’Australien Brenton Rickard en 2009, lors des championnats du monde à Rome.
Cameron Van Der Burgh apporte à l’Afrique du Sud sa première médaille en natation individuelle masculine.
Une fois de plus, la polémique ternit sa performance. Le Sud-Africain a tout simplement admis avoir triché. En cause, une technique de nage interdite, celle du dauphin. Des mouvements de jambes illicites en brasse, confirmés par vidéo.
Mais Cameron Van Der Burgh ne semble pas en avoir honte, comme le confirme sa déclaration en conférence de presse:
«Si vous ne faites pas ce geste, vous rétrogradez. Moralement, ce n'est pas la chose à faire mais je ne vais pas sacrifier ma performance et quatre années de travail alors que quelqu'un va utiliser ce geste et repartir avec la médaille. Chaque nageur le fait, au point que pour moi, ce mouvement est légal.»
Alors qu’en 2008, à Pékin, l’Afrique du Sud avait fait chou-blanc en natation, la délégation sud-africaine revient cette fois avec trois médailles.
La performance de Cameron Van Der Burgh s’accompagne de celles de Chad le Clos.
A 20 ans, le jeune champion offre deux médailles à son pays. Une en argent, sur le 100 mètres papillon, loin derrière Michael Phelps.
La deuxième, en or, sur le 200 mètres papillon, cette fois-ci devant son idole américaine, athlète le plus titré aux Jeux, du haut de ses vingt-deux médailles olympiques.
«Phelps est mon héros et j’adore ce gars. Le battre? C’est incroyable. Vous n’avez pas idée de ce que cela signifie pour moi. C’est le plus beau jour de ma vie», a déclaré le jeune champion.
Oscar Pistorius — 400 mètres
Si le Sud-Africain Oscar Pistorius revient bredouille de Londres, il aura marqué les Jeux. Premier athlète paralympique à participer aux épreuves valides, le sprinteur a échoué dans les demies-finales du 400 mètres.
Le relais sud-africain du 4x400, dont il était le dernier relayeur, a terminé à la huitième et derrière place. Mais peut importe, Oscar Pistorius garde un souvenir inoubliable des Jeux. Un sentiment qu’il exprime sur son compte Twitter:
Le Sud-Africain participera aux Jeux paralympiques de Londres, du 29 août au 9 septembre prochain. L’occasion de défendre ses trois titres, sur les épreuves du 100, 200 et 400 mètres.
Habiba Ghribi—3.000 mètres steeple, médaille d’argent
La Tunisie retiendra ce nom. Habiba Ghribi est tout simplement devenue, le 6 août 2012, la première femme tunisienne à remporter une médaille olympique.
Médaillée d’argent sur le 3.000 mètres steeple, l’athlète, âgée de 28 ans, a été devancée par la Russe Yuliya Zaripova de deux petites secondes.
Mais peu importe la couleur du métal olympique, la jeune femme exulte au micro de RFI:
«C’est une médaille pour tout le peuple tunisien, pour les femmes tunisiennes, pour la nouvelle Tunisie.»
La Tunisie revient donc avec trois médailles. Car entre temps, le nageur Oussama Mellouli n’a pas chômé.
Après sa médaille d’or en 10 kilomètres nage libre, le jeune tunisien, surnommé «le requin de la Méditerranée», a remporté une médaille de bronze dans l’épreuve du 1.500 mètres nage libre.
Habiba Ghribi devient la première femme tunisienne à remporter une médaille olympique/ REUTERS-Phil Noble
Alaaeldin Abouelkassem — Escrime, médaille d’argent
Alors que la France, nation d’escrime, revient bredouille de Londres, c’est un Egyptien qui crée la surprise.
Alaaeldin Abouelkassem est devenu, le 31 juillet 2012, le premier athlète égyptien médaillé en fleuret.
Mais pas que. Car l’athlète remporte également la première médaille africaine dans la discipline. Une fierté pour le continent, que souligne Alaaeldin Abouelkassem:
«C'est un moment de bonheur et de fierté. Pas seulement pour l'Egypte, mais pour l'ensemble de l'Afrique qui a bien besoin de moyens pour développer l'escrime.»
Anthony Obame—Taekwondo, médaille d'argent
Le Gabon exulte de joie et célèbre son nouveau héros, Anthony Obame. Le jeune athlète de 23 ans vient d'offrir à son pays une médaille d’argent. La première distinction olympique gabonaise en neuf participations.
Alors, pour le pays, la médaille d’Anthony Obame vaut de l’or. Le président Ali Bongo a tenu à féliciter le jeune athlète en personne:
«C'est un grand moment pour le sport gabonais et une immense joie pour toute la nation.»
Le jeune homme, lucide, est conscient de son nouveau statut au pays. Un sentiment qu'il exprime au micro de France 24:
«C’est exceptionnel, surtout pour quelqu’un comme moi, qui vient d’un pays qui n’a jamais remporté de médaille. C’est une grande satisfaction, et pas seulement pour mon pays, mais pour tout le continent. J’espère ne pas être le seul, j’espère que beaucoup d’autres Gabonais arriveront à cette étape.»
Une médaille d’autant plus savoureuse qu’Anthony Obame faisait figure d’outsider. Car le Gabon n’est pas spécialement connu pour ses talents en taekwondo.
Après avoir frôlé de trop près le titre olympique, Anthony Obame rêve de remporter l’or. Avec, en ligne de mire, les prochains Jeux olympiques de 2016:
«Pour Rio, je ne promets rien. Mais ce qui est sûr, c’est que je veux revenir encore plus fort.»
*Le sport, «citadelle masculine», laisse, en Afrique, très peu de place aux femmes. Raison pour laquelle seulement trois femmes trouvent leur place dans cette sélection.
Claire Rainfroy
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