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Les shebab somaliens appellent à l'aide

En Somalie, les milices shebab sollicitent enfin l’aide internationale, affirme BBC News Africa. Fin 2009, ces islamistes radicaux avaient décidé d’interdire toute intervention humanitaire des Nations unies sur le territoire somalien, les accusant d’être «antimusulmans».

Cette organisation terroriste, qui entretient des liens avec al-Qaida, contrôle actuellement les parties méridionale et centrale de la Somalie.

Mais, après 60 ans de sécheresse dévastatrice sur les populations locales, les shebab se sont rendus à l’évidence: une aide extérieure leur est indispensable pour permettre aux Somaliens de rester dans le pays, étant donné qu’un quart de la population a déjà fui le territoire. Un phénomène d’exode massif dû, outre les conditions climatiques difficiles, à une guerre civile qui dure depuis plus de vingt ans.

BBC News Africa souligne:

«Environ 12 millions de personnes de la Corne africaine ont été durement frappés par cette année de sécheresse […] Les officiels de l’ONU estiment que plus de 50% des enfants somaliens qui arrivent dans des pays voisins telle que l’Ethiopie souffrent de malnutrition. Parmi eux, certains meurent pendant le voyage, ou quelques jours être arrivés dans les camps de réfugiés.»

Sheik Ali Mohamud Rage, porte-parole des shebab, confirme la création d’un comité de coopération du groupuscule islamiste avec les Nations unies:

«Qu’ils soient musulmans ou non, si leur intention est seulement d’assister ceux qui souffrent, ils peuvent contacter le comité qui leur donnera les autorisations pour accéder aux zones les plus touchées par la sécheresse.»

L'ONU a bien accueilli la nouvelle, mais exige que certaines conditions soient respectées par la milice. Mark Bowden, coordinateur de l’aide humanitaire des Nations unies pour la Somalie, s’est exprimé auprès du site d'information britannique:

«J’accueille tous les efforts qui peuvent être faits pour que les Somaliens puissent accéder à l’aide à laquelle ils ont droit […] Par le passé, [les shebabs] ont toujours honoré leurs engagements et assuré la sécurité du personnel humanitaire […] J’espère qu’ils vont reconnaître que les associations humanitaires reviennent avec pour unique but de secourir la population.»

Une chose est sûre: à l’époque où les organisations humanitaires étaient présentes en Somalie, les insurgés islamiques ne leur avaient pas fait de cadeau. En novembre 2009 par exemple, une nouvelle règlementation très sévère avait été mise en place pour que «les ONG prennent leurs distances avec tout ce qui est susceptibles d’interférer avec la religion islamique, [comme] prêcher des valeurs chrétiennes, promouvoir le sécularisme, la démocratie, et toute valeur opposée aux enseignements de l'islam».

Entre autres, il avait été interdit aux femmes de travailler dans des ONG même internationales, les congés du week-end avaient été abolis, ainsi que toute importation d’alcool, téléchargements de films, la musique et la célébration de fêtes nationales étrangères, comme Noël.

Lu sur BBC News Africa