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Comment faire le Ramadan quand on est accro au...

Être jeûneur et fumeur n’est pas une mince affaire.

L’hebdomadaire marocain Actuel s’est penché sur le problème auquel sont confrontés chaque année des milliers de musulmans pratiquants à l'occasion du Ramadan.

  • Tabac

Selon Aboubakr Harakat, psychosociologue interrogé par Actuel, le tabac est l’addiction la plus complexe à gérer en période de Ramadan.

«Il n’y a pas de véritable gestion de cette addiction», concède Aboubakr Harakat.

Pour les accros à la nicotine, le mois de Ramadan est une période de souffrance, qui peut se révéler dangereuse.

La consommation de tabac a tendance à augmenter. En cause, les fumeurs qui choisissent de se rattraper le soir, pour «combler par avance les besoins du matin. Par conséquent, leur consommation augmente sérieusement pendant le mois sacré», explique le psychosociologue.

Si «les plus dévots se rabattent sur la spiritualité», certains fumeurs deviennent anxieux, parfois agressifs. Dans ce cas, les médecins prescrivent des anxiolytiques pour la période.

Mais le Ramadan peut avoir des effets pervers beaucoup plus graves. Car comme le souligne Actuel, certaines personnes, dépendantes à l’alcool et au tabac remplacent leur addiction par une autre, considérée halal, le haschich. Et cumulent les addictions aux substances nocives.

«Lorsque le corps est habitué à certaines doses, la dépendance se crée. L’addiction est aussi comportementale», affirme Aboubakr Harakat.

Certaines addictions sont moins contraignantes que le tabac.

  • Alcool et café

Si les amateurs de café se lèvent aux aurores pour déguster leur dernière tasse de café, les alcooliques, quant à eux, ressentent moins le manque que les fumeurs.

«Autant l’alcoolique qui a l’habitude de prendre ses trois bières le soir avec un verre d’alcool à midi peut s’abstenir durant trente jours sans le vivre difficilement, autant le fumeur commence à ressentir le manque de tabac dès le début de l’après-midi», assure Aboubakr Harakat.

  • Sexe

Les accros au sexe sont aussi concernés.

Comme l’explique le psychosociologue, «la prostitution augmente pendant le mois sacré. Il n’y a qu’à voir les hammams ouverts toute la nuit pour s’en convaincre. Les prostituées doivent se laver après l’acte sexuel conformément aux préceptes de l’islam pour reprendre le jeûne le lendemain ; les hommes aussi.»

Si le sexe hors mariage augmente en période de ramadan, il en va tout autrement pour le sexe au sein des couples mariés.

«La spiritualité fait en sorte de baisser la libido  dans le sens où elle ne leur laisse pas le temps d’y penser. Chez les femmes mariées, le phénomène est encore plus accentué car, fatiguées par le travail à l’extérieur et les lourds préparatifs du ftour, elles scotomisent leur libido, elles mettent un couvercle dessus si vous préférez», assure Aboubakr Harakat.

Et de conclure: «c’est censé être le mois de l’équilibre physique et spirituel mais il n’en est rien. En réalité, c’est le mois de l’excès dans l’alimentation, dans la consommation en général, mais aussi et surtout dans l’improductivité…».

Lu sur Actuel

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