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Un ouvrier sur un chantier d'autoroute, Nairobi, Kenya, 23/09/2011, REUTERS/Thomas Mukoya
Un ouvrier sur un chantier d'autoroute, Nairobi, Kenya, 23/09/2011, REUTERS/Thomas Mukoya

L'Afrique, cette terre d’investissement contrastée

Sans surprise, le printemps arabe a porté un rude coup aux investissements directs étrangers au nord du continent. En revanche, les IDE affluent en Afrique subsaharienne.

L’investissement direct étranger (IDE) en Afrique continue de baisser en 2011, pour la troisième année consécutive, pour atteindre 42,7 milliards de dollars, constate la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) dans son Rapport 2012 sur l’investissement dans le monde publié le 5 juillet. Ce constat général masque de fortes disparités.

«Cette baisse des flux d'IDE vers le continent en 2011 a été causée en grande partie par la chute des entrées de capitaux en Afrique du Nord, en particulier, en Égypte et en Libye, qui avaient été les principales bénéficiaires de l'IDE», explique la Cnuced.

Les deux Afriques

Entre 2010 et 2011, le flux d'IDE à destination de l'Afrique du Nord est en effet passé de  13,6 milliards à 5,8 milliards de dollars, soit une chute de moins 57 %.

Le Maghreb résiste mieux et même la Tunisie, en pleine révolution, a presque maintenu son flux d'IDE à 1,1 milliard de dollars en 2011, contre 1,5 milliard en 2010. L'Algérie (2,6 milliards de dollars) et le Maroc (2,5 milliards de dollars) affichent les mêmes flux d'IDE qu'avant la crise internationale de 2008.

En revanche, en Afrique subsaharienne les investissements directs étrangers se sont envolés de 29 milliards de dollars en 2010 à 37 milliards de dollars en 2011, un niveau comparable au pic enregistré en 2008. Un rebond des IDE en Afrique du Sud a accentué cette reprise.

«La hausse continue des prix des matières premières et des perspectives économiques relativement positives pour l'Afrique subsaharienne font partie des facteurs qui contribuent au redressement», précise la Cnuced.

En 2011, les cinq principaux pays de destination de ce type d’investissement sur le continent sont des producteurs de pétrole: le Nigeria suivi du Ghana, du Congo et de l'Algérie. À l’exception de l’Afrique du Sud qui se classe en deuxième position.

Élargissement des secteurs concernés

Bien sûr les industries extractives, mines et hydrocarbures, attirent toujours les IDE, mais la croissance économique et l’émergence d’une classe moyenne favorisent la croissance des investissements dans d’autres secteurs et notamment celui des services (banques, distribution et télécommunications).

De fait, les IDE dans les matières premières dominent (25 % environ), devant les télécoms, l'énergie, l'immobilier, le commerce et l'industrie.

La baisse globale de l'IDE en Afrique est imputable à une réduction des flux en provenance des pays développés. Mécaniquement, les pays en transition et en développement ont accru leur part dans les entrées d'IDE sur le continent (de 45 % en 2010 à 53 % dans 2011).

Perspectives mondiales

«La résurgence de l’incertitude économique et la possibilité d’un ralentissement de la croissance dans les économies émergentes majeures pourraient saper le dynamisme de l’IDE en 2012», prévient le rapport.

Les indicateurs avancés comme la valeur des fusions-acquisitions internationales et les annonces de projets de création ou d’extension des capacités physiques ont enregistré un recul au cours des cinq premiers mois de 2012.

Les flux devraient atteindre un palier d’environ 1 600 milliards de dollars en 2012, selon la Cnuced. Pour le moyen terme, les perspectives sont plus encourageantes, avec une croissance modérée: 1 800 milliards de dollars en 2013 et de 1 900 milliards de dollars en 2014, sous réserve d’absence de choc macroéconomique.

Les perspectives sont plutôt bonnes pour l'ensemble de l'Afrique. D'ici 2014, les flux d'investissements étrangers pourraient atteindre ou dépasser le pic de 2008, à 57,8 milliards de dollars.

Sylvie Rantrua

Cet article a d'abord été publié sur Marchés Tropicaux & Méditerranéens

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