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Soldats maliens, Bamako, 29/03/2012, REUTERS/Luc Gnago
Soldats maliens, Bamako, 29/03/2012, REUTERS/Luc Gnago

Entre MNLA et armée régulière, l’alliance est encore possible

A présent que leur rébellion au Nord Mali a été confisquée par les islamistes armés, une seule voie de sortie s’offre aux rebelles touareg laïcs. Collaborer avec Bamako.

Mise à jour du 16 juillet: Les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui s`étaient emparés du nord du Mali en avril dernier, ont annoncé avoir renoncé à leur intention de créer un Etat séparé.

«Nous aspirons à une indépendance culturelle, politique et économique mais pas à la sécession», a déclaré à Reuters par téléphone Ibrahim Ag Assaleh, l'un des dirigeants du MNLA.

***

 

La descente aux enfers du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) enclenchée depuis sa débâcle du 27 juin 2012 face aux groupes islamistes poursuit de plus belle son infernal cours.

Rien de plus logique quand on sait que le mouvement indépendantiste avait vendu son âme au diable en signant un pacte avec ces extrémistes.

Y a-t-il autre destination que l’enfer, fût-il terrestre, pour une organisation qui entend jouer officiellement dans la cour des grands mais qui, dans les coulisses, s’accorde avec des groupes qui vivent en parfaite symbiose avec des terroristes, autres messagers du diable?

Il est encore possible de se racheter…

La nouvelle donne au Nord-Mali est en tout cas très cinglante pour le MNLA qui, en plus d’avoir perdu son dernier bastion d’Ansongo, doit recommencer son organisation à zéro en rassemblant ses troupes dispersées.

Désormais évincé de toutes les grandes villes du Nord, le mouvement rebelle touareg n’aura d’autre choix, pour réussir sa revanche et surtout pour éviter de disparaître, que de se chercher au plus vite un allié de taille.

Il ne serait donc pas exclu qu’affaiblis par cette déroute, les sécessionnistes, conscients de leur incapacité à tenir tête aux islamistes, soient prêts à faire d’importantes concessions. L’instinct de survie peut en effet les amener à se reconvertir pour de vrai et revenir sur le droit chemin, ne serait-ce que pour traquer leurs tombeurs en synergie avec les forces régulières.

L’armée malienne semble être du reste sur la même longueur d’onde que les rebelles touareg sur cet aspect, et des concertations ont déjà eu lieu entre les chefs militaires des deux camps.

La véritable inconnue demeure cependant la faisabilité d’une collaboration entre les combattants rebelles du MNLA et les militaires de l’armée malienne en vue d’affronter ensemble, côte à côte, l’ennemi commun. Non seulement nombre de rebelles touaregs sont d’anciens soldats maliens ayant fait défection, mais, aussi, les deux camps se sont déjà livrés à des combats fratricides.

… mais au prix d’importantes concessions

Bien malin qui saura répondre avec exactitude à la question de savoir ce qu’il faut faire du MNLA à ce stade de la crise et dans l’état où se trouve le mouvement rebelle pour pouvoir affronter avec succès les occupants illégaux du Nord-Mali.

De deux choses, forcément l’une. Les autorités maliennes pourraient saisir l’opportunité de cette situation de disgrâce que connaissent les ex-habitants de l’Etat onirique de l’Azawad pour les faire chanter et même marcher.

Elles s’appliqueraient ainsi, avec l’aide et les pressions indispensables de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à obtenir de ce qui reste comme éléments du MNLA, qu’ils renoncent pour de bon et pour de vrai à leur projet séparatiste.

Et c’est à ce seul prix inconditionnel qu’ils pourraient alors, après avoir été désarmés, intégrer les effectifs de l’armée régulière où ils se soumettront aux ordres de la hiérarchie avant le lancement de l’assaut de libération du Nord. Le MNLA a déjà fait suffisamment preuve de tant de versatilité que l’on ne doit plus se permettre de lui offrir le Bon Dieu sans confession.

Il lui faut forcément montrer patte blanche pour devenir fréquentable, et le prix à payer pour s’être entêté à s’acoquiner avec des barbares de la pire espèce, sera inéluctablement le plus cher. Les rebelles touareg n’auront aucun avenir radieux en dehors du cadre régulier et légitime de l’armée malienne. Ils gagneraient alors à l’intégrer au cas où l’occasion leur serait offerte.

Ils auraient alors la latitude de se racheter de leurs errements en se mettant au service de la noble cause du rétablissement de l’intégrité du territoire en servant de guides éclairés.

Ou devenir un ennemi définitif

S’ils refusaient de saisir une telle perche, ils prouveraient aux yeux du monde qu’ils poursuivaient en réalité des intérêts incompatibles avec l’intérêt général du peuple malien.

Ils donneraient également la preuve qu’ils ne sont plus dignes de confiance, que la nation malienne ne peut plus compter sur eux et qu’en définitive, ils ne servent plus à rien. En ce moment, ils auront célébré leur propre requiem, et le pouvoir de Bamako et les communautés africaines et internationales auront suffisamment d’arguments pour se convaincre que la reconquête du désert malien devra se faire sans le MNLA.

Par conséquent, toute intervention militaire, notamment celle de la Cédéao, ne devrait faire aucune discrimination entre rebelles touareg, islamistes et terroristes. Ils devront tous être mis dans le même sac. Seul un tel réalisme peut sortir le Mali de la géhenne terroriste.

Tout autre subterfuge comme les arrestations d’anciens fidèles de l’ex-régime ou des menaces de saisir la Cour pénale internationale (CPI) n’aura pas plus d’effet que celui d’un pétard mouillé.

Le gouvernement malien a devant lui une occasion en or pour se ressaisir de son indolence afin d’essayer de reprendre en main la situation avant que les islamistes et leurs alliés terroristes et autres narcotrafiquants ne viennent annihiler tout projet de reconquête. Et la Cédéao et les Nations unies qui sont déjà impliquées d’une manière ou d’une autre dans les tentatives de règlement du conflit malien, doivent l’y contraindre, si nécessaire.

Le Pays 

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