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Ile Maurice - Après l’alcool et le cannabis, les ados se défoncent au sirop contre la toux
Pendant que la mode du binge dreaking (hyperalcolisation) fait des ravages en Europe, les jeunes Mauriciens s’adonnent à d’autres pratiques toutes aussi nocives: la consommation de sirop contre la toux, assortie bien sûr aux plus «classiques» cannabis et alcool.
C’est en lisant un article publié sur le site KotZot que nous avons pris connaissance du phénomène:
«La semaine dernière, un étudiant de Lower VI (CM2) a été attrapé en possession d’un flacon de sirop pour la toux par les responsables de l’institution secondaire qu’il fréquente (…) Une semaine ne s’est pas écoulée que ce jeune élève (...) a été pris en flagrant délit avec un flacon de sirop, se désespère une enseignante comptant plus de 20 ans de carrière.»
Cela fait environ trois ans que cette enseignante a constaté un changement de comportement parmi ses élèves. S’ils arrivent frais et en forme le matin, cela ne dure malheureusement pas toute la journée:
«Mais quelques heures plus tard (...), certains des garçons ont les yeux vitreux et la démarche hésitante. Ils ont les yeux rouges, et quand on leur pose une question en français, ils répondent en anglais (citation en créole dans l’article).»
Le plus surprenant est que ce comportement touche principalement les enfants de familles aisées, filles et garçons confondus. C’est ce qu’explique le membre du personnel administratif d’un autre établissement mauricien:
«Au début du premier trimestre, los de la journée sportive du collège, nous avons eu à nous occuper d’une dizaine de filles (…) toutes ivres. Elles avaient des bouteilles et des canettes d’alcool en leur possession… On n’aurait jamais pensé que ces filles en seraient arrivées là! Ce sont toutes des filles de bonne famille, elles sont intelligentes, et on n’aurait pas pensée d’elles qu’elles seraient irresponsables au point de consommer de l’alcool durant les heures et sur les lieux de l’école!»
Si la consommation d’alcool et de cannabis est un phénomène relativement connu chez les jeunes, consommer du sirop médicamenteux crée une dépendance plus forte à cause des substances contenues dans certains types de médicaments.
Le Docteur Fayzal Sulliman est de ce point de vue très pessimiste sur les conséquences d’une telle pratique, notamment sur les sirops à base de codéine :
«L’on a tendance à banaliser la prise de produits médicamenteux et on ne réalise pas que celui qui en consomme va rapidement glisser vers des produits plus forts, car son corps développe une certaine tolérance (…) Dès que le métabolisme aura atteint un certain niveau de saturation en matière de codéine, le consommateur du produit cherchera quelque chose de plus fort pour atteindre son désir de planer. Inévitablement, il aura recours aux seuls produits disponibles: soit le Brown sugar, à base d’héroïne, soit le Subutex —médicament utilisé pour le sevrage des consommateurs d'opium, d'héroïne, de morphine—.»
Lu sur KotZot
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