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Madagascar - Ces voleurs de zébus qui s'arment de kalachnikovs
Chez les Bara, une des ethnies de Madagascar qui se trouve au sud de l'île, voler un zébu et séjourner en prison constituent une marque de courage, d’exploit et de virilité.
Tel un rite initiatique ou «rite de passage», les hommes de l’ethnie Bara doivent voler des zébus et se faire attraper la main dans le sac.
Toutefois, des fauteurs de trouble profitent de cette tradition ancestrale pour voler des zébus en toute illégalité et faire régner l’insécurité.
Il se fait appeler Remenabila. Pour lui demander un service, il faut «prendre un rendez-vous», raconte RFI.
Remenabila et ses 150 hommes seraient au cœur d’un trafic fructueux de zébus à Madagascar et ses environs.
Fructueux, c’est peu dire! Un zébu castré du sud de Madagascar, coûte environ 200 euros.
La bande retranchée actuellement dans le district de Befotaka (au sud de Madagascar) en aurait volé 3.000, ce qui représente 600.000 euros de gains à la revente, selon des chiffres provenant de RFI.
Alertée par ce commerce illicite, par les violences, les incendies observés dans le village d'Ankazolahy et par l’exode de centaines de villageois, l’armée malgache a lancé, le 19 juin, une offensive contre ces «dahalos» (voleurs de zébus, en malgache).
Pas moins de 200 militaires ont encerclé le village où les voleurs de zébus s’étaient retranchés.
Cette opération intervient une dizaine de jours après une fusillade, le 9 juin, entre les «dahalos» et les militaires au cours de laquelle au moins six gendarmes malgaches ont été tués, et cinq autres sont portés disparus.
Selon une analyse de RFI, le réseau des voleurs de zébus serait difficile à démanteler à cause de la corruption qui sévit à tous les niveaux.
Du simple vétérinaire au délégué administratif, qui vend des faux passeports aux voleurs, en passant par les gendarmes qui ferment les yeux sur les camions suspects, tous bénéficient de ce trafic.
Les armes des voleurs seraient même fournies par les militaires eux-mêmes.
Le 18 juin, les autorités malgaches ont rétabli l'embargo sur les exportations de zébus, qui avait été levé en août 2011 vers certaines îles de l'Océan indien (Comores, Seychelles, Maurice).
Lu sur RFI
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