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Les Sénégalais font bloc derrière leur «sœur» Ségolène
Ségolène Royal est la femme politique française la plus adulée au Sénégal, où elle jouit d’une popularité sans commune mesure. Et ses récents déboires ne laissent personne indifférent.
Le «Trierweilergate», qui a mis sens dessus dessous l’Elysée et son locataire, François Hollande, dans une position pour le moins inconfortable, a produit son onde de choc jusqu’à Dakar, la capitale du Sénégal.
Le tweet assassin de Valérie Trierweiler, compagne du chef de l’Etat français, a inspiré Kouthia, un humoriste célèbre sévissant quotidiennement sur la chaîne de télévision de Youssou Ndour (TFM) et qui taille des croupières aux puissants.
Imitant Ségolène Royal, Kouthia a surjoué l’épouse outragée, trahie par son conjoint pour une autre femme. Un one-man show qui caricature à l’extrême deux «coépouses» sur le mode «rivalité chez les toubabs».
Reprise par plusieurs sites sénégalais et largement commentée, la vidéo de Koutia a fait le buzz dans un pays où la polygamie est une réalité depuis la nuit des temps. C’est dire que les malheurs de la présidente de la région Poitou-Charentes ne laissent pas indifférents en terre sénégalaise, où elle a vu le jour.
En visite dans la capitale sénégalaise en 2009, Ségolène Royal y avait même gagné un surcroit de popularité en taclant sévèrement Nicolas Sarkozy au sujet de son très controversé discours de Dakar.
Segolene Royal Dakar 2009 par dakarblog
«Puisqu’ils n’en veulent pas, Ségolène n’a qu’à revenir chez elle!»
Dans la capitale, le coup de Jarnac de Valérie Trierweller est abondamment commenté dans les chaumières. Lamine, cadre dans une compagnie de téléphonie, soutient que Valérie ne respecte pas Hollande:
«Moi président de la République, ma dulcinée n´attaquerait pas la première femme de ma vie. Elle devrait avoir du respect pour le passé de son compagnon. Surtout que des enfants sont issus de sa première union avec Ségolène.»
Mais c’est au niveau de la gent féminine que Ségolène Royal trouve ses plus ardents défenseurs. La candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2007 suscite même de la compassion:
«J’ai vraiment pitié de Ségolène Royal. Depuis la présidentielle de 2007, elle accumule les défaites et son compagnon l’a quitté. En plus, cette dernière venue veut l’accabler un peu plus avec ce tweet qui témoigne de sa jalousie. C’est vraiment dommage que les Français ne comprennent pas qu’elle est une politicienne de première classe qu’ils gagneraient à élire. S’ils n’en veulent pas, elle n’à qu’à revenir au pays où elle pourra être utile.»
Ségolène Royal pendant la présidentielle de 2007, avec des Dakaroises.© Reuters/ Finbarr O'Reilly
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Khadija, une jeune commerçante ne savait pas que c’était fini entre Hollande et son idole.
«C’est le jour de l’investiture que je l’ai su, en voyant Valérie agrippée au bras de François comme si elle voulait faire comprendre qu’il était à lui. Ce fut un choc et ce n’était pas rassurant. J’aurais voulu voir Ségolène à sa place. Je ne sais pas comment ils en sont venus à se séparer.»
Agacé par ce qu’il qualifie d’«omniprésence» de Valérie Trierweiler, Habib, déclare, un brin ironique, que la «première copine de France» doit apprendre à la fermer et à dissocier vie privée et vie publique.
Séance de prière et d’exorcisme pour «Ségo»
A la publication des sondages qui donnaient Olivier Falorni largement vainqueur devant sa rivale, un internaute, résidant à Ouakam, quartier populeux où Ségolène Royal est née et abritant la base aérienne dans laquelle servait son père, officier des Forces françaises du Cap-Vert, a invité ses contacts Facebook à une séance de prières pour la fin des malheurs de la native de ce village lébou.
Avec les défaites successives de leur «sœur», il ne manquerait plus que les Ouakamois organisent une séance de Ndëp (séance d’exorcisme) pour que l’étoile pâlissante de la candidate socialiste à la présidentielle de 2007 continue de scintiller.
A Ouakam, ces cérémonies spectaculaires où l’on voit fréquemment des personnes tomber en transe sont régulièrement organisées pour aider les membres de la communauté malades ou poursuivis par la malchance à remonter la pente.
En prise avec la jalousie de Valérie Trierweiler et poursuivie par la scoumoune électorale, la «léboue d’adoption» de Poitou-Charentes effectuera-t-elle le retour au pays natal pour retrouver la «gagnitude»?
Barka Ba
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