SlateAfrique

mis à jour le

Burkina Faso - Quand Compaoré s'assure une immunité à vie

Le président burkinabè, Blaise Compaoré, envisage-t-il de quitter le pouvoir au terme de son mandat en 2015? C’est ce qu’il est possible de croire après le vote, lundi 11 juin 2012, à l’Assemblée nationale, du projet de loi portant révision de la Constitution.

Après la période d’agitation sociale et les mutineries que le pays a connues, début 2011, un Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), a vu le jour en juin de la même année.

Dans le rendu de ses travaux, le comité qui regroupait la classe politique et la société civile, à l’exception d’une  bonne partie de l’opposition, a proposé plusieurs amendements de la constitution.

La création d’un sénat, la constitutionnalisation de la chefferie coutumière sont, notamment, des réformes qui ont été jugées nécessaires. Mais surtout, écrit le quotidien gouvernemental Sidwaya, «l’instauration d’une loi d’amnistie en faveur des chefs d'Etat couvrant la période de 1960 jusqu’à nos jours».

Dans ce flot de nouveautés constitutionnelles, la mesure d’indulgence n’est pas parvenue à passer inaperçue, tant elle apparaît destinée à protéger l’actuel président.

C’est ce que dénoncent des lecteurs de la nouvelle sur LeFaso.net, site très consulté par les Burkinabè. Voici ce que «Yac250», un des visiteurs du site, écrit:

«Nos représentants nous ont trahi. Carton rouge à l’Assemblée nationale. Accorder l’amnistie aux Chefs d’Etat me fait rire, car depuis 1960 à nos jours il n’y a pas de Chef qui ait trahi le peuple, si ce n’est l’actuel "Enfant Terrible de Ziniaré" (Surnom de Blaise Compaoré, ndlr).

A ma connaissance, il fallait dire: nous, députés honteux, nous accordons l’amnistie à M. Blaise Compaoré. Autant que vous êtes, vous, les députés, l’Histoire de notre pays vous jugera tous.»

«A défaut de la modification de l’article 37 de la Constitution, (qui limite le nombre de mandats consécutifs à deux) c’est l’amnistie du chef de l’Etat...», écrit un autre internaute. 

Il déplore une mesure de dépit suite à l’impossibilité actuelle de modifier la Constitution pour une représentation illimitée du chef de l’Etat à l’élection présidentielle.

C’est, en effet, le dernier mandat que Blaise Compaoré, 25 ans au pouvoir, est constitutionnellement autorisé à faire. Organise-t-il son immunité dans cette éventualité?

Il peut répliquer que cette amnistie concerne également les anciens présidents encore en vie, sur les six que le Burkina a connus. Il s’agit notamment de Saye Zerbo, qui a dirigé le pays de 1980 à 1982 et Jean-Baptiste Ouédraogo, son successeur (1982-1983).

Lu sur Sidwaya, LeFaso.net, BBC

 

A lire aussi

Burkina: les députés accordent une amnistie à Compaoré et aux ex-présidents

Compaoré: partira, partira pas?

Compaoré et la théorie du chaos

La part d'ombre de Blaise Compaoré

Compaoré, le président inamovible?

Rien ne va plus au Burkina Faso

Les treillis en dérapage incontrôlé au Burkina