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Ethiopie - France Telecom «partenaire» de la censure sur Internet?
Le gouvernement de Meles Zenawi, a mis en place un système de contrôle total d’Internet.
Or, la compagnie publique gérant le réseau, Ethio Telecom, est dirigée par France Telecom.
Si le collectif d’activistes Tor n’avait pas révélé le système de censure de la Toile le 31 mai, l’information serait sans doute passée inaperçue souligne le quotidien français La Croix.
Le groupe Tor, qui lutte contre la censure sur Internet, affirme que toutes les connexions en Ethiopie sont interceptées, les données triées et examinées.
Le gouvernement éthiopien a mis en place ce contrôle grâce au filtre «Deep packet inspection» (DPI) , un outil —ou plutôt une arme— utilisé dans des régimes aussi autoritaires que la Chine ou l’Iran.
Le DPI permet d’examiner toutes les données de connexion mais également d’interdire l’accès à un site. En plus d’offrir une censure totale de la Toile, le DPI ralentit considérablement les réseaux puisque chaque donnée est examinée.
Là où le bât blesse c’est que France Telecom assure la direction du réseau de télécommunications éthiopien. L’entreprise française nie toute responsabilité dans cette affaire.
«Ca a été une décision des ministères. On a rien à voir là-dedans», se défend Jean-Michel Latute, PDG de Ethio Telecom attaché à France Telecom.
En revanche, elle ne semble pas vraiment troublée par un tel virage sécuritaire dans un pays où, déjà, un simple utilisateur de Skype risque 15 ans de prison, rapporte La Croix.
France Telecom s’est «félicité» de la mise en place du filtre DPI «pour ses propres besoins». La justification est que le DPI peut être utilisé dans la protection des droits de propriété intellectuelle.
«On utilisera une partie de ce service pour contrôler notre bande passante. Cela nous aidera à éviter que des clients abusent, en téléchargeant pleins de films, par exemple. C’est un instrument très utile», s’enthousiasme Jean-Michel Latute.
Selon le journal La Croix, l’argument n’est pas recevable puisqu’en Ethiopie, l'accès à Internet est cher et payé à l’usage. Ajouté à la lenteur des connexions, un quelconque téléchargement mettrait des jours et coûterait une fortune.
Cette mesure témoigne de la nouvelle dérive sécuritaire du régime éthiopien depuis les lois de 2009 contre le terrorisme.
Lu sur La Croix
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