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Le Nord-Mali va-t-il devenir le nouveau bastion du djihadisme global?
Quand la rébellion touareg a éclaté au Mali, beaucoup pensaient qu’il s’agissait d’un soulèvement de plus dans le désert et qu’il serait bien vite apaisé moyennant finances.
Certains, optimistes, rappelle Reuters, allaient jusqu’à penser que les «hommes-bleus» pourraient même servir contre la menace d’al-Qaida sévissant dans la région avec ses prises d’otages et trafics en tout genre.
Mais au lieu de ça, la rébellion indépendantiste touareg a été piratée par les islamistes d'Ansar Dine, bien mieux armés, créant ainsi une gigantesque place forte pour tous les djihadistes du Sahara.
Quand les troupes gouvernementales ont été mises en déroute en avril, une multitude de groupes venus de toutes parts, Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), ainsi que les islamistes nigérians de Boko Haram, se sont engouffrés dans la brêche, rejoignant Ansar Dine.
«Nous sommes à un stade qui préfigure la situation afghane ou somalienne, cela ne fait aucun doute», assure Ahmedou Ould-Abdallah, un diplomate mauritanien ayant travaillé pour des Nations Unies aussi bien en Somalie qu’en Afrique de l’ouest.
Il fait partie de ce petit nombre d’experts en matière de politique sécuritaire qui invoquent pour valider leur analyse, la présence de tous les critères de cette «afghanisation».
Afflux de combattants étrangers, rivalité maladive entre Etats voisins, et flux continu de fonds illicites sont, selon eux, autant d’éléments qui doivent faire du Mali une région saharienne à garder sous surveillance.
De plus, la prise des aérodromes des villes conquises telles que Gao, Tombouctou et Tessalit signifie qu’en l’absence des forces aériennes maliennes, les islamistes peuvent acheminer tout ce qu’ils désirent: drogue, armes, combattants supplémentaires…
Pendant que certains observateurs croient que la menace islamiste restera contenue dans les frontières du Nord-Mali, d’autres pensent qu’elle va s’étendre à des zones plus larges.
Une chose est sûre, c'est que le nord du Mali «est devenu un bastion pour les djihadistes de la région», affirme un responsable américain connaisseur du dossier, ajoutant que des hommes armés continuent d’y affluer depuis la Tunisie, le Maroc et la Mauritanie.
Lu sur Reuters
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