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Le défunt président Bissau Guinéen Nino Viera lors du sommet de la CPLP à Lisbonne, 25 juillet 2008, REUTERS/Nacho Doce
Le défunt président Bissau Guinéen Nino Viera lors du sommet de la CPLP à Lisbonne, 25 juillet 2008, REUTERS/Nacho Doce

Guinée Bissau: Ingérence lusophone en Afrique de l'Ouest

Alors que l'institution sous régionale ouest-africaine parvient à une résolution, certes insatisfaisante de la crise, les pays de langue portugaise revendiquent leur droit de regard.

Des gendarmes burkinabè séjournent depuis le 18 mai 2012 en Guinée Bissau où, aux côtés de leurs collègues nigérians, ils devront veiller au bon déroulement du processus de transition. C’est du reste ce qu’en avaient décidé les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), lors du dernier sommet tenu à Dakar au Sénégal.

Le moins que l’on puisse dire c’est que tout semble marcher comme sur des roulettes en Guinée Bissau, même si le PAIGC, l’ancien parti au pouvoir, continue de ruer dans les brancards, estimant que la solution proposée par la Cédéao légitime le coup d’Etat du 12 avril dernier.

Cacophonie institutionnelle

En tout cas, c’est au moment où la mayonnaise était en train de prendre que l’Organisation des nations unies vient de mettre les pieds dans les plats, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Car, pas plus tard que le 18 mai, soit le jour même où ont débarqué les premières forces de la Cédéao en Guinée Bissau, l’Onu a adopté une résolution qui sanctionne les auteurs du coup d’Etat, tout en exigeant un retour immédiat à l’ordre constitutionnel.

En outre, elle a demandé à la Cédéao de coopérer avec la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) en vue de trouver une solution durable à la crise bissau-guinéenne. A mots couverts, l’Onu a entériné la position des pays lusophones qui ont longtemps voulu voir revenir aux commandes le président par intérim Raimundo Pereira et son Premier ministre Carlos Gomes Junior. Que se passe-t-il donc?

En tout cas, ce serait une grave jurisprudence si la Cédéao acceptait aujourd’hui de faire marche arrière en cédant aux sanctions imposées par l’Onu. Car, qui mieux qu’elle, est habilité à trouver une réponse adéquate à la crise sociopolitique que vit la Guinée Bissau qui, plus est, relève de sa sphère d’influence?

Le Conseil de sécurité a-t-il été instrumentalisé?

D’autant qu’elle n’a pas eu besoin de l’implication de la Francophonie pour trouver, même s’il est encore très tôt de le dire, une solution à la crise malienne. Pourquoi donc la Communauté des pays de langue portugaise s’en mêle tant au point de torpiller les efforts de ceux qui œuvrent pour une sortie de crise au pays de Amilcar Cabral?

C’est à se demander si le Conseil de sécurité lui-même n’a pas été instrumentalisé, si l’on sait que la résolution adoptée à l’unanimité a été rédigée par l’Angola et le Portugal, ces deux pays qui n’ont jamais blairé l’appropriation du problème bissau-guinéen par la Cédéao. Car le plus souvent, l’Onu s’aligne derrière les solutions de sortie de crise proposées par les institutions sous régionales avec bien sûr l’aval de l’Union africaine.

Certes, on le sait, et on ne le dira jamais assez, la Cédéao n’a fait qu’entériner les solutions proposées par les putschistes bissau-guinéens; mais pourquoi ne pas y adhérer à partir de l’instant où ces propositions semblent porter fruits? En tout cas, en agissant ainsi, la communauté des pays de langue portugaise prouve à suffisance qu’elle défend plus ses intérêts que ceux du peuple bissau-guinéen.

Boundi Ouoba (Le Pays)

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Journaliste burkinabé.

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