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Didier Drogba, la fin de la malédiction
Didier Drogba a conjuré le mauvais sort en remportant la Ligue des Champions aux tirs au but. Il a pu annoncer sereinement son départ de Chelsea. Mais l'attaquant ivoirien n'a pas dit son dernier mot.
Lorsque M. Proenca a sifflé la 120e minute de jeu, synonyme de séance de tirs au but, Didier Drogba a du voir un long tunnel, ce samedi 19 mai à Munich en finale de la Ligue des Champions.
Des émotions pas forcément agréables, des souvenirs plus ou moins datés, et qui ont du hanter l'attaquant ivoirien jusqu’à ce que ce fut son tour de s'avancer au point de pénalty, pour le coup de pied de la victoire de Chelsea face au Bayern de Munich.
Pour comprendre ce qui se passe dans sa tête au moment de tirer ce cinquième et décisif tir au but, face au portier allemand Manuel Neuer, il faut remonter au 21 mai 2008.
Nous sommes alors à Moscou, pour cette autre finale de Ligue des Champions, qui met aux prises le Manchester United de Sir Alex Fergusson au Chelsea d’Avram Grant. 1-1 à l’issue du temps réglementaire, on se dirige vers les prolongations…
À la 116e minute, les esprits s’échauffent, la pression est à son comble, et Drogba assène une gifle au défenseur mancunien Vidic après une altercation.
Carton rouge, expulsion, le numéro 11 des Blues ne disputera pas la séance de tirs aux buts. Drogba ne pourra que constater la défaite de son équipe, impuissant, depuis le banc de touche. Cette année là, le titre de Champion d’Angleterre lui échappera aussi.
«De longues années»
Plus que sur ce premier échec en finale de Ligue des Champions, c’est une revanche sur toute sa carrière que DD a prise, le 19 mai 2012, au moment de soulever, enfin, la coupe aux grandes oreilles.
«Ça fait huit ans que je suis là, et huit ans qu’on court après. On l’attendait depuis de longues années», déclarait-il au micro de l’Equipe TV après sa victoire. De longues années ponctuées d’échecs internationaux.
Il y a une autre compétition dans laquelle Didier Drogba a particulièrement fait montre de malchance, ou de fébrilité. La Coupe d’Afrique des Nations, que lui et sa génération de talents ne sont encore jamais parvenus à conquérir. Les Yaya et autres Kolo Touré attendent toujours de soulever ce trophée qui manque à leur palmarès.
2006. Finale de la CAN, la Côte d’Ivoire affronte l’Égypte au Caire. Malgré le désavantage du terrain, les Éléphants de Didier Drogba tiennent la dragée haute aux Pharaons, et après deux heures de jeu sans que les filets n’aient tremblé une seule fois, l’heure des tirs au but sonne. En ratant le premier de la série, Drogba entame ici une série à laquelle il aura du mal à mettre fin: la Côte d’Ivoire rentrera bredouille.
Rebelote en 2012. En envoyant un pénalty dans les nuages à la 69e minute, il manque l’ouverture du score contre la Zambie, au bout d’un match fermé, alors que la victoire lui tendait les bras. Au lieu de cela, c’est encore la même litanie. Score vierge à la fin du temps réglementaire et des prolongations, tirs aux buts… seulement ce coup-ci, Drogba transformera le sien. Ce sont ses deux concurrents en Premier League, Kolo Touré (Manchester City) et Gervinho (Arsenal) qui manqueront les leurs. Jamais deux sans trois.
Quitter Chelsea le cœur léger
Cette cinquième finale internationale —en tenant compte de celle perdue 2-0 contre Valence avec l'Olympique de Marseille en 2004 en finale de la coupe de l'UEFA—, il ne pouvait pas la rater. Il l’a d'ailleurs montré durant toute la compétition européenne.
D’aucuns diront que c’est lui, tout seul, qui a remporté la Ligue des Champions le 19 mai. Exagéré? Peut-être.
Mais c’est lui qui, en ouvrant le score en 8e de finales retour contre Naples, donne l’espoir d’un retour inespéré à ses coéquipiers, après la lourde défaite (3-1) deux semaines plus tôt. Et offre à Ivanovic, dans le même match, le quatrième but, synonyme de qualification au tour suivant.
C’est lui encore qui marque l’unique but au match aller, en demies contre Barcelone, et entretient l’espoir d’un exploit au Camp Nou.
Lui, enfin, qui égalise de la tête à la 88e minute, dans l’antre du Bayern de Munich, pour obtenir la prolongation.
Un instant, la malédiction semble revenir au galop, lorsqu’il accroche inutilement Ribéry dans sa surface. Mais cette fois-ci, la chance a tourné, et Cech arrête le pénalty qui s’en suit.
Cette nouvelle finale ne pouvait pas se finir autrement qu’aux tirs au but. Et ce ne pouvait pas être un autre homme que Didier Droga pour tirer le cinquième et décisif coup de pied.
«J'étais confiant. J'avais en tête ce qui était arrivé en finale de la Coupe d'Afrique des nations [en 2012], où j'aurais pu gagner le match pour mon équipe.»
Et sereinement, il glisse, au ras du sol, un ballon inatteignable pour le gardien allemand. Il peut annoncer le lendemain à ses coéquipiers qu’il quitte Chelsea (selon une information de France Football), avec le sentiment du devoir accompli.
Mais il est à parier qu’à 34 ans, l’Ivoirien sera encore présent en Afrique du Sud l’an prochain, pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, avec laquelle il a encore un compte à régler.
Antoine Galindo
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