SlateAfrique

mis à jour le

Afrique du Sud - Pourquoi l'école publique est traînée devant la justice

L’Afrique du Sud n’est plus à la page. Le pays a été condamné, le 17 mai, pour violation du droit constitutionnel à une éducation de base.

La cause: depuis la rentrée des classes de janvier, des écoles publiques n'ont toujours pas reçu leurs manuels scolaires —alors que les programmes ont changé—.

Le juge Jody Kolappen de la Haute Cour de Pretoria a donné au ministère de l'Education jusqu'au 15 juin pour fournir les livres manquants. Il a également ordonné la mise en place d'un programme de rattrapage pour les élèves, rapporte The Citizen Online. Une première.

L’affaire avait été portée devant la Justice par les parents d’élèves d'un lycée et d'une école primaire du Limpopo, une province située au nord du pays en proie à de nombreux problèmes d'administration et de corruption, et placée sous tutelle de l'État juste avant Noël. Ils étaient soutenus par Section 27, qui regroupe des juristes militant pour la justice sociale.

Ce jugement crée un précédent: 

«il stipule que l'incapacité du gouvernement à fournir les manuels scolaires est une atteinte aux droits constitutionnels et il sera difficile à un autre tribunal d'en décider autrement», a précisé Nikki Stein, une des avocates du dossier.

Or, cette pénurie est loin d'être cantonnée à la province du Limpopo. Une enquête du ministère sud-africain de l'Education montrait qu'en 2007, à peine 45% des élèves âgés de 12 à 13 ans disposaient d'un manuel de lecture, précise l’AFP. Pour les mathématiques, c'est pire: seulement 36 %.

Le 16 mai, en présentant son budget au Parlement, la ministre Angie Motshegka a réaffirmer sa promesse d'«augmenter le taux d'accès à un manuel (...) à au moins 85 % en 2014». Un voeu pieu tant les écoles sud-africaines manquent de moyens.

Un récent rapport du gouvernement pointe qu'à travers le pays 1.700 écoles n'ont pas d'eau courante et quelques 15.000 autres manquent d'une bibliothèque, rappelle la BBC.

Plus alarmant encore: 80% des écoles sont officiellement classées comme «défaillantes».

L'éducation fut l'une des principales revendications contre le régime raciste de l'apartheid qui a sacrifié des générations entières de Noirs sur les bancs d'une "école bantoue" de seconde zone.

Pourtant, selon l'association Equal Education, les établissements aujourd'hui les plus pénalisés par le manque de moyens sont précisément ceux des zones rurales ou des townships noires, là où les familles n'arrivent déjà pas à s'en sortir. Elles ne payent rien mais les fournitures manquent, l'absentéisme des enseignants est élevé, il n'y a pas toujours de toilettes..., précise l’AFP.

C'est le prochain combat à mener pour Section 27:

«Les toilettes dans les écoles de Limpopo ne sont pas adaptées à des êtres humains, et à moins qu'elles ne soient mises aux normes, nous serons de retour dans les tribunaux, pour faire valoir que des toilettes propres et en état de fonctionnement sont aussi de l'éducation de base», assure l'un de ses membres cité par Eye Witness News.

Lu sur The Citizen Online et la BBC

A lire aussi

Afrique du Sud - L'ancien président De Klerk et le fantôme de l'apartheid

Afrique du Sud - Les étudiants retardataires accueillis par la police

Afrique du Sud - Les nouvelles bachelières d'Oprah Winfrey

Des classes bio dans les écoles sud-africaines