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Tunisie - Le parti salafiste est-il compatible avec la démocratie?

«Nous ne voyons aucune contradiction entre la charia et le modernisme contemporain», a expliqué le leader salafiste tunisien Mohamed Khouja au site de la chaîne économique américaine Bloomberg.

Le ton est donné: en Tunisie, les salafistes ne veulent pas être catalogués comme des intégristes. Au contraire, il revendique leur compatibilité avec la démocratie.

Depuis le 11 mai, le parti de Mohamed Khouja, Islah (Réforme) est autorisé et reconnu par le gouvernement islamiste modéré tunisien dirigé par Ennahda. Les salafistes qui n’avaient pas pu participer aux élections post-Ben Ali pour la Constituante pourront donc présenter des députés aux élections législatives de l’an prochain.

Les salafistes prônent une application pure de la charia et son inscription dans la législation ainsi que l’instauration d’un Etat Islamique.

Les propos du leader du parti Islah se veulent rassurants:

«Notre parti politique se fonde sur des principes de réformes avec l’héritage islamique. Nous n’utiliserons pas la force pour interdire le vin ou les maillots de bain», a-t-il expliqué à Bloomberg.

«Au contraire, nous utiliserons la persuasion et le conseil pour changer les attitudes».  

Pourtant depuis plusieurs semaines, les incidents se multiplient avec les salafistes en Tunisie, que ce soit à l’université de la Manouba à Tunis ou ailleurs.

Dans la nuit du 14 au 15 mai, c’est tout un groupe associé au mouvement qui est venu manifester à l’aéroport de Tunis Carthage. Le but? Permettre au leader salafiste marocain, Abou El Fadhl Omar El Hadouchi, d’entrer dans le pays rapporte le journal en ligne Mag14.

Les salafistes se sont organisés virtuellement via le réseau social Facebook pour mobiliser assez de militants et faire pression sur la police des frontières. Ils sont venus en masse, armés de drapeaux noirs et vétus de tenues traditionnelles.

Le leader salafiste marocain en question a été condamné à une peine de 30 ans d'emprisonnement dans son pays pour sa participation aux attentats de Casablanca en 2003.

Il a été gracié par ordonnance royale en février 2012. Pour l’instant, le coup de pression des salafistes tunisiens n’a pas fait fléchir la police des frontières. Abou El Fadhl Omar El Hadouchi serait toujours retenu à l’aéroport de Tunis.

Lu sur BloombergMag14

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