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Congo - Deux mois après les explosions de Brazzaville, le président Sassou Nguesso s'exprime
«C’était le matin à 8 heures, j’étais donc au palais. Aux premières explosions, j’ai pensé d’abord à un tonnerre, quelque chose comme ça, orage. J’ai eu quelques coups de fil et j’ai pu comprendre qu’il s’agissait d’explosions, au camp militaire des blindés de Mpila. Je n’ai pas du tout pensé à un coup d’Etat. Pas du tout.»
Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI) à sa résidence du Mpila et publiée le 9 mai, le président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso s’est exprimé officiellement pour la première fois sur la catastrophe qui a frappé Brazzaville le 4 mars 2012.
Le président de la République du Congo Sassou Nguesso aura attendu deux mois avant de s'exprimer sur ce drame national.
Ce jour-là, une série d'explosions dévastatrices se succèdent dans le dépôt d'armes de la caserne militaire de Mpila de Brazzaville.
Les dégâts sont énormes car les explosions ont complètement rasé le quartier aux alentours de la caserne, en plein centre-ville. Le bilan s'élève à près de 300 tués.
Deux mois après, le président Sassou Nguesso reste d'aplomb face aux questions de RFI.
Sur tous les sujets abordés —mesures de prévention, dispositifs de secours et sanctions des responsables—, le chef de l’Etat congolais n’admet aucune erreur sur la gestion d’une catastrophe qui aurait pu être évitée.
Petit florilège de ses déclarations agacées mais parfois teintées d’autosatisfaction:
Sur la présence d’un tel dépôt d’armes en plein «Brazza»
«Ce sont des armes et des munitions pour toute l’armée (…) Si vous avez une armée vous ne pouvez avoir que des armes et des munitions. Et je crois que toutes les armées du monde fonctionnent comme ça.
Elles n’ont pas un ennemi désigné d’avance. On n’a pas encore supprimé les agressions de la surface du monde. Vous voyez que tous les Etats du monde ont des armes.»
Sur le manque de prévoyance d’infrastructures hospitalières
«Vous commettriez l’erreur de penser qu’on pourrait seulement se mettre à construire l’économie et le social, sans se préoccuper de la paix et la sécurité. Notre pays a connu une tragédie dans les années 97, 98, 99, jusqu’à 2000.
Nous avions le devoir de rechercher la paix et la sécurité du pays. Ensuite, créer les conditions du développement. Croyez-moi, depuis 1997, des moyens importants ont été mis dans les problèmes de santé.»
Sur le manque cruel de moyens médicaux
«Même s’il y avait quelques ambulances - et je sais qu’il y en avait - il ne pouvait qu’en manquer! Même s’il y avait des médicaments dans les hôpitaux, il ne pouvait qu’en manquer.
Même s’il y avait du personnel de permanence, etc., dans tous les hôpitaux, le personnel ne pouvait venir qu’à manquer.
Tout manquait ce jour-là, parce que l’ampleur du désastre avait réellement dépassé les capacités d’intervention.»
Sur la non démission des ministres de l'Intérieur et de la Défense
«Les ministres, c’est le président qui les nomme et qui peut mettre fin à leur fonction. Je fonctionne comme quelqu’un qui a le cœur chaud, la tête froide. Et je veux maîtriser l’ensemble des éléments de ce désastre et prendre mes décisions en temps opportun.»
Lu sur RFI
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