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Ce que l'élection de Hollande va changer pour l'Afrique

Paul Melly, spécialiste de l’Afrique pour la BBC, analyse les changements de la politique étrangère africaine que pourrait apporter la victoire du socialiste François Hollande à l'élection présidentielle.

On peut retenir trois points clés de son observation.

Redorer l’image de la France en Afrique.

«L’absence d’une stratégie claire et de long terme, ou de principes directeurs, dans la politique africaine de Nicolas Sarkozy laisse la voie libre à son successeur, François Hollande, pour construire un engagement plus stable et fondé sur des réformes», écrit Paul Melly.

L’analyste britannique dresse un portrait peu flatteur de l’action de Nicolas Sarkozy en Afrique pendant son quinquennat en pointant du doigt ses incohérences.

L’ancien président français a certes déployé des moyens militaires pour aider à la chute de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire mais il a aussi maintenu des liens d’amitiés forts avec le régime Bongo au Gabon, malgré les élections contestées de 2009.

Pour Paul Melly, l’élection de Hollande permettra de redorer l’image de la France en Afrique particulièrement parmi les plus jeunes. Comme il le fera certainement auprès de la population française d’origine africaine et maghrébine.

La fin de la «Françafrique»

Si l’élection de François Hollande va changer quelque chose à la politique étrangère française, c’est bien à propos de la «Françafrique».

«Il a très peu de liens avec la génération de la Françafrique», souligne Paul Melly.

William Bourdon, avocat reconnu comme «défenseur des droits de l’homme» en Afrique et Jean Michel Severino, l’ancien directeur de l’Agence française de développement (AFD), font partie de son entourage. Il pourra aussi compter sur Kader Arif, député européen, et fervent détracteur des pratiques de la «Françafrique».

L'aide en faveur des pays les plus pauvres

Selon l’analyste, l’orientation de la politique d’aide au développement pourrait aussi changer.

«La répartition géographique de l’activité diplomatique et de l’aide au développement pourrait changer sous une présidence Hollande —des pays riches aux pays pauvres et vers ceux qui font le plus d’efforts en matière de démocratie et de protection des droits de l’homme», écrit-il.

Une politique plus humaniste, plus sociale et moins tournée vers les pays qui possèdent le plus de ressources naturelles exploitables comme le Congo Brazzaville, pays pétrolier. Pour lui, des pays comme le Bénin, le Niger ou même la Tanzanie et le Ghana en seraient les premiers bénéficiaires.

Paul Melly admet que Hollande maintiendra des liens avec les alliés stratégiques de la France en Afrique comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Mais il est certain qu'il y aura du changement.

«Pour François Hollande, la clé sera de relancer la France dans son rôle de soutien démocratique, de défenseuse des droits de l’homme et de moteur du développement en Afrique. En fournissant l’orientation et la stratégie nécessaire qui ont été absentes lors des années hasardeuses de Sarkozy.»

Lu sur BBC

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