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Algérie: les électeurs vont-ils déserter les urnes?
Cette fois, il ne suffit pas de faire appel à l’amour de la nation pour remplir les bureaux de vote.
Même si les dirigeants n’ont pas été à l’école, ils pourront peut-être retenir la leçon de cette campagne 2012. Partout, dans toutes les régions du pays, les organisateurs de meetings n’ont pas réussi à remplir leurs salles, et dans plusieurs villes, on a accueilli les partis avec des pierres et des insultes.
C’était pourtant un peu attendu; les mêmes hommes ventrus ont sillonné leurs villages et quartiers, la plupart pour la première fois de leur vie, et les mêmes promesses ont été proférées, emploi et logement pour tous, sans qu’aucun des compétiteurs n’ait expliqué dans le détail comment loger et faire travailler tout le monde, comme s’ils s’adressaient à des enfants. Avec les mêmes slogans, les mêmes formations, qui abritent les mêmes corrompus connus dans leurs régions, ils ont tenté de convaincre des citoyens, déjà gênés par une question centrale: un député, même bien nourri, a-t-il un quelconque pouvoir ?
Ce n'est pas dans les vieilles marmites que l'on fait les meilleures sauces
On a longtemps disserté sur l’apolitisme patriotique de l’Algérien, mais il semble bien cette fois qu’il ne suffit pas de faire appel à l’amour de la nation pour remplir les bureaux de vote. Les gens sont conscients que la politique n’est pas de la cuisine, ce n’est pas dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures sauces. Dans l’une des rares ouvertures de la télévision algérienne où des jeunes avaient été libres de s’exprimer (c’était il y a quelques mois), un jeune expliquait sa vision: «Ils n’ont pas encore compris que nous avons compris»
La télévision a vite refermé cette parenthèse et le doux ruissellement de l’autocratie, auto-glorification, censure et répression, a repris sa monotonie. En fin de course, M. Ould Kablia ( le ministre de l'Intérieur ndlr) a beau arrêter des gens, M. Ksentini (le président de la Commission nationale consultative ndlr) les menacer, M. Ouyahia ( Premier ministre ndlr) leur prédire la fin du monde ou M. Ghlamallah (ministre des Affaires religieuses) les insulter, à part les priver de dessert, il est difficile de forcer des enfants non affamés à manger des légumes sans goût.
Chawki Amari
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