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Maroc - L'amazigh (provisoirement) interdit au parlement
Mise à jour du 15 mai 2012: La députée et quatrième vice-président de l'Assemblée nationale marocaine, Khadija Rouissi, a annoncé qu'il était désormais interdit de poser les questions en langue amazighe au Parlement, a rapporté Bladi.net le 14 mai.
Cette décision du Bureau de la Chambre des Représentants restera en vigueur jusqu’à ce que les dispositions nécessaires soient prises pour traduire simultanément aux députés non berbèrophones.
Le site d'information s'interroge par ailleurs sur le coût et la logistique qu'entrainerait un service de traduction simultanée, et qui serait certainement «mal vu au Maroc, où le Parlement coûte déjà au budget de l’Etat plus d’un million de dirhams par jour.»
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Des postes de traducteur vont se créer au Parlement marocain, dans les semaines à venir.
Conséquence directe et prévisible de la nouvelle constitution, votée et adoptée en juillet 2011, les députés peuvent désormais poser leurs questions en amazigh.
La langue berbère est en effet reconnue comme «langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception», par l’article 5.
C’est ainsi que la chanteuse Raïssa Fatima Tabaamrant, icône de la culture amazighe, a fait parler d'elle le 30 avril. Car elle est aussi députée à la Chambre des représentants, et membre du Rassemblement national des indépendants (RNI), la quatrième force politique du pays. Et lors d'une séance parlementaire, elle n’a pas hésité à interpeller le ministre de l’Éducation nationale Mohamed El Ouafa… en amazighe, ont rapporté plusieurs sites d'information marocains, dont Bladi.net, Au Fait Maroc ou encore Aujourd’hui le Maroc.
Cette date «restera certainement une date historique dans l’histoire du Parlement», se réjouit Aujourd’hui le Maroc, heureux que beaucoup de députés en aient «profité pour demander au bureau de la Chambre de prendre rapidement les dispositions nécessaires, notamment en termes de logistique de traduction.»
Au Fait Maroc a quant à lui mis l’accent sur «la mine mi amusée mi contrite des personnes présentes dans la salle et dont une bonne partie ne pouvaient comprendre l'intervention de la députée, qui ne s'est jamais démontée.»
Si le ministre de l’Éducation, justement interpellé sur la question de l’enseignement de la langue berbère au Maroc, a pu répondre, en arabe, à Mme Tabaamrant, c’est parce qu’il avait «reçu la question bien à l’avance, rédigée en arabe», rappelle Aujourd’hui le Maroc, et non parce qu’il pratique la langue. Il l’a tout de même remerciée en amazighe.
«D’après le ministre de l’Éducation nationale, 4.000 écoles enseignent l'amazighe au Maroc et 14.000 professeurs ont été formés par le département de tutelle pour mener à bien cette mission. De plus, 300 inspecteurs sont chargés d’encadrer l’enseignement de l’amazighe, lequel aura bénéficié à 545.000 élèves à la fin de l’année scolaire en cours», complète pour sa part Bladi.net.
Les Berbères sont des tribus originaires d’Afrique du Nord,dont la présence au Maroc est surtout répartie entre le nord de l'Atlas et le sud du pays, où la langue amazighe est très parlée.
Avant la nouvelle constitution de 2011, les Berbères réclamaient une meilleure reconnaissance de la part de la monarchie marocaine. Des traducteurs devraient désormais être mis à leur disposition au Parlement, pour leur permettre de s'exprimer dans leur langue.
Lu sur Bladi.net, Au Fait Maroc et Aujourd'hui le Maroc
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