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Guinée Bissau - Au sein de l’armée, un grand nettoyage est nécessaire
La communauté des Etats Ouest Africains a réussi à faire plier la junte. Elle doit profiter de cette fébrilité pour réformer la grande muette.
La junte bissau-guinéenne a cédé face à la pression de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). A la différence de la junte malienne qui bronche toujours face aux propositions de l’institution ouest-africaine, les putschistes bissau-guinéens ont fini par lâcher prise.
La junte s’est pliée aux exigences de la Cédéao
En effet, bon gré mal gré, ces hommes en treillis qui ont brutalement interrompu le cours de la transition suite à la mort de Malam Bacai Sanha, vont devoir s’accommoder d’un contingent militaire de près de 6000 hommes qui sera envoyé en Guinée-Bissau en vue d’une transition pacifique.
Une transition qui durera un an et non deux, comme l’avaient souhaité les putschistes. D’ores et déjà, l’ex-premier ministre Carlos Gomes Junior et le président de la transition, Raimundo Pereira, respirent l’air de la liberté, eux qui avaient été arbitrairement arrêtés et incarcérés à l’issue du coup d’Etat du 12 avril 2012.
C’est donc sans coup férir que l’armée la plus indisciplinée de l’Afrique s’est pliée aux exigences de la Cédéao au moment où l’on craignait le pire. Tant, à moult reprises, ces militaires ont montré aux yeux du monde de quoi ils sont capables.
La prudence est de mise
Faut-il alors déduire par ce revirement que l’armée bissau-guinéenne a opéré une profonde mue pour se soumettre, une bonne fois pour toutes, aux institutions républicaines? Ce serait tant mieux si tel était le cas.
Mais l’histoire de cette armée, jalonnée de putschs pour la plupart sanglants, commande toujours la prudence. Ce n’est un mystère pour personne que la paix, la démocratie et la stabilité ne sont pas profitables à ces hommes qui s’enrichissent illicitement par le biais du commerce de la drogue.
Ce retournement de veste de la part de la junte, surtout à 48h de l’expiration de l’ultimatum lancé par la Cédéao, pourrait donc ressembler à un charme de serpent auquel il faudrait tout naturellement faire attention.
Faire d’une pierre deux coups
C’est en cela que l’impérieuse nécessité de faire d’une pierre deux coups devrait s’imposer à l’institution ouest-africaine si tant est qu’elle veuille pacifier le pays pour toujours. En effet, après avoir mis momentanément la junte au pas, la Cédéao devrait procéder au nettoyage des écuries d’Augias pour mettre en place une armée qui défendra plus la cause du pays que ses propres intérêts.
C’est l’occasion ou jamais pour l’organisation sous régionale de sonner le glas de cette armée toute-puissante qui, plutôt que de jouer son rôle républicain qui est de défendre l’intégrité du territoire national, occupe, inlassablement, le terrain politique et fait la pluie et le beau temps.
Boulkindi Couldiati (Le Pays)
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