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Affiche du candidat Sheikh Abdallah Djaballah à Medea, à 100 kilomètres d'Alger le 22 avrilReuters/Louafi Larbi
Affiche du candidat Sheikh Abdallah Djaballah à Medea, à 100 kilomètres d'Alger le 22 avrilReuters/Louafi Larbi

Algérie: Interdiction de se moquer des élections

En Algérie, le ministre de l'intérieur prévoit des sanctions «contre ceux qui raillent les élections.»

L'inquiétude a définitivement changé de camp. Pendant qu'il fait arrêter le maximum de militants gêneurs, boycotteurs ou sceptiques structurés, DOK (Dahou Ould Kablia) multiplie les interventions avec cette émotion à peine dissimulée, la peur de l'abstention. A tel point que dans cette ambiance confiante, sereine et ouverte, il prévoit des sanctions «contre ceux qui raillent les élections.»

Les Algériens sont-ils apathiques, apolitiques et inciviques?

La légitimation forcée par la pénalisation n'est pas nouvelle; lorsque la loi sur la réconciliation avait été adoptée en 2005, d'ailleurs par le gonflement artificiel de la participation au référendum (80% et 97% de oui), une législation avait été promulguée pour sanctionner ceux qui critiquent cette grande démarche de pardon.

On les dit apathiques, apolitiques et inciviques, la tête ailleurs et le ventre devant mais les Algériens ont l'air, d'après la peur de DOK (Dahou Ould Kablia), de se diriger vers une forme de refus passif, vengeance douce contre un régime qui ne se rappelle d'eux que lors de consultations électorales ou de soulèvements arabes.

Cette force molle est semblable à l'inertie du ballon mal gonflé qui se fait shooter sans avoir mal et donne un tir qui ne va pas bien loin. Dans ce choc mou, chewing-gum géant qu'on ne peut écraser et qui finit collé et étalé sous les pieds, les Algériens ont l'air de tenter, par l'indifférence, une reconfiguration du dialogue.

S'abstenir c'est contester

Entre le dirigeant et le dirigé, ce dernier ne pouvant ni manifester ni s'exprimer dans un pays fermé par le haut, la seule façon de faire porter sa voix étant justement de ne rien dire. Vision tronquée, fantasme d'opposant ou raillerie délinquante?

Ce sera au juge, nommé mais non élu, d'en décider après les élections. Si c'est une raillerie, la sanction tombera. Mais si le taux de participation est important, les poursuites s'éteindront. Comme un joueur de poker, le régime sait être généreux quand il gagne. Il est en revanche très mauvais perdant.

Chawki Amari

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Chawki Amari

Journaliste et écrivain algérien, chroniqueur du quotidien El Watan. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Nationale 1.

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