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Asalfo (3ème en partant de la g.), lead vocal de Magic System et sa bande à Abidjan, juin 2011 AFP PHOTO/Sia Kambou
Asalfo (3ème en partant de la g.), lead vocal de Magic System et sa bande à Abidjan, juin 2011 AFP PHOTO/Sia Kambou

Côte d’Ivoire: Magic System acteur de la réconciliation nationale

Le groupe Magic System, qui fait le bonheur des Ivoiriens depuis plus d’une décennie, joue sa partition dans l’esprit de la réconciliation nationale.

Mise à jour du 20 août 2012: Salif Traoré, dit A'Salfo, leader de Magic System, l'un des groupes stars de la musique ivoirienne depuis son tube "Premier Gaou", a été nommé "ambassadeur de bonne volonté" de l'Unesco pour ses messages en faveur de la paix.

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A l’instar d’autres fils du pays, comme Didier Drogba, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly et bien d’autres, Magic System, apporte un message de  paix à ses compatriotes au travers de concerts et d’œuvres humanitaires.

Depuis «1er gaou», tube planétaire de l’album éponyme, lorsque le groupe vivait encore dans le quartier précaire d’Anoumabo à Abidjan, Magic System a gagné en maturité.

L’année 2011 aura été une année accomplie. Une année faste et riche d’une longue tournée africaine et européenne couronnée par un disque de platine.

Le périple des «Magiciens», comme aiment à les appeler leurs fans, se poursuit en 2012. Plusieurs villes françaises les applaudiront et vont «libérer en zouglou», c’est-à-dire danser au rythme de ce style musical populaire. Vingt-deux dates au total sont prévues dans l’Hexagone. La belle aventure d’Asalfo, le lead vocal, et ses frères doit se terminer le 15 mai à Paris, au Zénith.

Messagers de paix

«La Côte d’Ivoire est convalescente. Elle se remet progressivement de la crise. Nous sommes certes portés par un élan de réconciliation nationale, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les nouvelles autorités font le maximum pour que chaque Ivoirien se sente concerné par le destin du pays. Ce n’est pas facile, mais tout rentrera dans l’ordre avec la volonté de tous.»

Un vrai cri du cœur d’Asalfo, qui croit en la force de tous les acteurs épris de paix. Chaque fils de Côte d’Ivoire le fera à sa manière, mais Magic System le fera à travers la musique, facteur de rassemblement. Mission difficile? Pas pour Asalfo:  

«Quand le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, il avait besoin de tous les fils du pays pour  apporter leur contribution à un véritable et sincère retour de la paix. C’est dans cette optique qu’il a fait appel à nous et nous en avons discuté. C’est un grand honneur pour nous. Nous sommes les acteurs culturels de Côte d’Ivoire et le message de paix que nous adressons à nos compatriotes lors de nos concerts à travers le monde vient du cœur.»

Magic System est un quatuor de jeunes qui accepte cette responsabilité aux côtés de leurs aînés du showbiz ivoirien.

«Les gens ont compris que les jeunes ont un rôle important à jouer en Côte d’Ivoire. Beaucoup d’entre eux ont perdu la vie dans la crise que vient de traverser le pays. Le président Alassane Ouattara l’a compris. Nous devons mériter l’honneur qu’il nous a fait en travaillant comme de simple citoyens sans parti pris.»

Magic System avait déjà pris la décision de sensibiliser les Ivoiriens, avec l’apport du grand frère Tiken Jah Fakoly, dans un morceau intitulé «Ça va aller».

«Que ce soit le président Alassane Dramane Ouattara ou le président Laurent Gbagbo, le plus difficile à faire, c’est la réconciliation des Ivoiriens. C’est très important pour une Côte d’Ivoire solide et soudée. Nous préparons le retour au pays de beaucoup de nos compatriotes. Certains sont déjà rentrés, d’autres hésitent encore. Tout cela se fait avec le précieux concours du président des artistes ivoiriens, l’ex-footballeur et chanteur Gadji Céli.»

Initiatives sociales

Magic System a aussi créé, en 2008, un festival d’envergure internationale –le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Une initiative pour venir en aide aux plus démunis de toute la Côte d’Ivoire. Le groupe a commencé par s’occuper des habitants du quartier Anoumabo, berceau de leur enfance.

Des structures et des activités sociales y ont été installées, telles que l’Ecole Primaire Magic System d’Anoumabo et l’école de football du quartier. Puis il a fait construire la pouponnière de Yopougon, plus grande commune d’Abidjan, et ajouter une classe à l’orphelinat de Bingerville, première capitale de Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, en tant que parrain de l’accord de «Children of Africa», d’autres actions vont être entreprises pour aider cette fondation à aller de l’avant. La cinquième édition du festival s’est déroulée à Abidjan en avril. Au programme, Lokua Kanza, Sexion d’Assaut, Werrason, Coumba Gawlo, Le Molare, Bili Bili et bien d’autres artistes de renommée internationale. Les fonds réunis permettront de réhabiliter l’orphelinat de Bouaké, détruit pendant la guerre.

«Nous sommes dans une logique de continuité car notre action s’étendra à toute l’Afrique. Quand on a la responsabilité de représenter un si beau continent, il y a des choses à dire et à faire. On est habité par une énergie positive. C’est un devoir.»

En ce qui concerne l’actualité du groupe, les Magiciens préparent un «Best of» rassemblant trente titres, dont leurs plus grands tubes. La sortie en France est prévue fin avril  2012. Magic System reste fidèle au zouglou, même s’il fait parfois des clins d’œil à d’autres genres musicaux. «C’est normal, explique Asalfo, nous parlons de mondialisation. Il faut aller à la rencontre d’autres cultures en faisant par ricochet découvrir la nôtre. C’est ce que nous avons essayé de faire.»

Resté soudé, le groupe vit une grande aventure. L’on pourrait se demander quel est son secret quand on voit le nombre de groupes éphémères. «Nous voulons que l’on parle de nous pendant des années, comme les Kool and The Gang. Nous sommes ensemble depuis quatorze ans, nous savons d’où nous venons et évitons les polémiques. L’humilité est un sacerdoce, c’est notre secret.» La politique pourrait-elle tenter nos «Magiciens»?  

«Les très bons rapports que j’ai avec le président Ouattara, que j’ai rencontré aux Etats-Unis, et son épouse ne datent pas d’aujourd’hui. Je suis très proche de son épouse qui nous a énormément aidés dans le social. Quand un couple comme ça s’installe au pouvoir, malgré les très bons rapports que nous avions avec le président Laurent Gbagbo, nous ne pouvons pas décliner leur offre et leur donnons volontiers un coup de main. Nous leur rendons ainsi ce qu’ils ont fait pour nous. Simplement.»

Asalfo a un rêve pour la Côte d’Ivoire: voir ses compatriotes réconciliés et unis comme au temps du président Félix Houphouët-Boigny, quand les Ivoiriens ne se souciaient pas de savoir de quels villages «l’autre» venait, ou encore qui il était. Il veut voir les Ivoiriens reprendre en chœur ce message du groupe Magic System: «Oublions le passé, allons de l’avant.»

Belle vision...

Nicole Suzis

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Nicole Suzis

Journaliste ivoirienne

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