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Mali - Le malaise dans l’armée à l’origine du coup d’Etat
Au lendemain d'une mutinerie et d'une journée de vi mars, à 4h45 du matin (GMT) un communiqué du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDR), la junte qui vient de s'installer au pouvoir, est lu à la télévision malienne.
Malgré les problèmes techniques, le télespectaeur parvient à saisir les explications du lieutenant Amadou Konaré, porte-parole de la junte, sur les motivations du coup d’Etat:
«L’incapacité notoire du régime à gérer la crise qui sévit au nord du Mali (...) l’inaction du gouvernement à doter de moyens adéquats les forces armées et de sécurité pour accomplir leurs missions de défense de l’intégrité du territoire national.»
«La rébellion d’une partie de l’armée était prévisible» titre RFI. Une colère en lien direct avec les attaques des rebelles touaregs auxquelles les forces armées sont confrontées dans le nord du pays depuis le mois de janvier 2012.
Au sein de la Grande Muette, on considérait que les moyens de combattre efficacement la menace n’étaient pas mis en œuvre par le pouvoir de Bamako. Un sentiment qui allait grandissant ces derniers temps, jusqu’à aboutir à la mutinerie de la garnison de Kati, non loin de Bamako.
«Depuis plusieurs semaines, la difficulté rencontrée par les militaires maliens face aux Touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) avait rendu fébriles les hommes de terrain et même de nombreux gradés», explique RFI.
Le massacre d’Aguelhok survenu le 24 janvier est le désastre qui a mis au plus bas le moral des troupes. Après la prise de la caserne, les rebelles avaient exécuté 70 soldats désarmés et faits prisonniers. Indignées, les familles des militaires avaient organisé une marche dénonçant elles aussi le manque de moyens et de munitions.
Pendant ce temps, à Bamako, on ne faisait que donner de bonnes nouvelles du front, comme si la situation était sous contrôle. Une stratégie de propagande qui a été contreproductive sur les soldats qui ont estimé que leur sort était ignoré.
La mutinerie s’inscrit dans cette continuité a expliqué André Bourgeot, spécialiste du Mali au CNRS dans une interview accordée à RFI.
Selon lui, l’armée est traversée par des tensions face à sa grande démunition pour faire face aux problèmes que connaît le nord du pays : trafic de drogues, d’armes et récemment le pilonnage continu des rebelles touaregs du MNLA et des Islamistes d’Ançar Dine.
S’exprimant sur Europe 1, le 22 mars au matin, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a exprimé la désapprobation française:
«Nous avons condamné ce coup d'état militaire, nous sommes pour le respect des règles démocratiques et constitutionnelles, nous demandons le rétablissement de l'ordre constitutionnel, des élections qui étaient programmées pour le mois d'avril, il faut qu'elles aient lieu le plus vite possible pour que les Maliens puissent s'exprimer.»
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