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Des Nigériens font la queue devant un bureau de vote. ©Le Bénin aujourd'hui
Des Nigériens font la queue devant un bureau de vote. ©Le Bénin aujourd'hui

Niger: Mahamadou Issoufou élu sans coup férir

Au Niger, Mahamadou Issoufou a remporté la présidentielle du 12 mars. Un scrutin qui s'est déroulé sans heurts.

Les Nigériens se sont rendus aux urnes le 12 mars 2011 pour le second tour de l’élection présidentielle. Face à l’opposant historique Mahamadou Issoufou (du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, PNDS-Tarayya) arrivé en tête au premier tour, il y avait l’ex-Premier ministre Seïni Oumarou, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) de l’ex-président Mamadou Tandja.

Selon les résultats de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), c’est Mahamadou Issoufou qui a été élu président de la République, avec près de 57,95% des voix. Reste au Conseil constitutionnel de confirmer ces résultats après d’éventuels recours.

L'image positive d'une présidentielle sans heurts

Tout comme la campagne électorale, le scrutin à proprement parler s’est déroulé sans incident majeur, voire dans une ambiance bon enfant. Les deux challengers ont même donné une image forte, comme un message fort adressé aux Nigériens.

Lorsque Mahamadou Issoufou est allé accomplir son devoir civique au bureau de vote réservé aux personnalités, il a dit à Seïni Oumarou: «J’espère que tu as voté pour moi, car je vais voter pour toi», en lui serrant la main. Puis les deux hommes ont éclaté de rire. Une image qui devrait faire école en Afrique, un continent où les élections installent souvent un climat de rancœur et de haine entre les prétendants à la magistrature suprême.

Les observateurs africains ont d’ailleurs apprécié la sérénité et la transparence qui ont prévalu au cours du processus électoral. Ceux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) ont reconnu que la présidentielle «s’est déroulée dans une atmosphère de calme et de transparence (et) les Nigériens ont pu exercer librement leur droit civique». Et l’Union africaine n’est pas moins satisfaite «quant à la bonne conduite du processus électoral et de la transition».

Les deux candidats s’étaient déjà engagés à accepter le verdict au sortir des urnes.

«Bien sûr, je suis prêt à accepter les résultats des urnes et je suis aussi prêt à me soumettre à l’arbitrage du peuple nigérien. Du reste, j’en ai donné la preuve aux scrutins de 1999 et 2000 au cours desquels j’ai accepté ma défaite au second tour. Je me suis même déplacé pour aller féliciter le vainqueur», affirmait Issoufou.

Seïni Oumarou avait pour sa part indiqué:

«Par rapport à l’acceptation des résultats, il faut voir cela à deux niveaux; il y a les résultats qui sont proclamés par la Ceni, et leur validation par le Conseil constitutionnel, ce qui permet au cas où vous le souhaiteriez de faire des recours».

Et de laisser entendre que, même s’il n’était pas d’accord, il allait faire des recours dans le strict respect des textes réglementaires.

Tout compte fait, les recours éventuels du MNSD-Nassara ne pourront pas inverser le résultat définitif qui sera proclamé par le Conseil constitutionnel. Le Niger va donc tourner la page du régime d’exception né du coup d’Etat du 18 février 2010 contre le président Mamadou Tandja pour écrire une nouvelle page de sa jeune démocratie.

«Nous voulons la stabilité et nous pensons qu’à partir d’aujourd’hui, le Niger retrouvera la stabilité avec le nouveau président démocratiquement élu», a déclaré le général Salou Djibo, chef de la junte qui a assuré la transition et tombeur de Mamadou Tandja.

Mais contrairement à bien des scrutins passés, le taux de participation n’a pas été à la hauteur des enjeux. Comme si les Nigériens s’étaient lassés de leurs acteurs politiques. Seuls 35% des citoyens ont pris part aux suffrages à Niamey, la capitale.

Pour beaucoup, c’est maintenant que commence en effet le plus dur, avec la gestion de la situation post-électorale. Et pour cause: depuis qu’il s’est engagé sur la voie du pluralisme démocratique, le Niger a habitué les Africains à des élections sinon parfaites, tout du moins justes et acceptables.

Mais celles-ci sont généralement suivies de graves crises entre les différents acteurs de la classe politique, qui remettent en cause les acquis démocratiques. Au point de faire appel aux militaires pour régler leurs conflits par des coups d’Etat.

Ce fut le cas quand le lieutenant-colonel Ibrahim Baré Maïnassara a pris le pouvoir en janvier 1996, ou quand il a été assassiné par ses anciens compagnons d’armes en 1999 pour placer le chef d’escadron Daouda Mallam Wanké à la tête du pays.

De tristes souvenirs dont le pays a besoin de faire l’économie maintenant. C’est le prix à payer pour que la démocratie nigérienne n’obéisse pas au jeu de la balançoire, entre putschs et élections.

Marcus Boni Teiga

Marcus Boni Teiga

Ancien directeur de l'hebdomadaire Le Bénin Aujourd'hui, Marcus Boni Teiga a été grand reporter à La Gazette du Golfe à Cotonou et travaille actuellement en freelance. Il a publié de nombreux ouvrages. Il est co-auteur du blog Echos du Bénin sur Slate Afrique.

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