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Afrique du sud - Comment l'extrême droite endoctrine les jeunes blancs

«Qui est mon ennemi en Afrique du Sud? Qui tue, viole et vole? Les Noirs», scande Franz Jooste. Ancien militaire du temps de l’Apartheid, il encadre le camp Kommandokorps à quelques kilomètres de Johannesburg en Afrique du Sud, rapporte le Mail & Guardian dans un reportage.

«Je veux prouver à mon père que je ne suis pas une poule mouillée mais un vrai homme», raconte Jacob, 13 ans.

Ce camp d’afrikaners d’extrême droite forme des adolescents de 13 à 19 ans. «Protéger son peuple» est la devise inscrite sur le site officiel du camp. Des stages de neuf jours sont proposés à des garçons blancs. Au programme: entrainement physique intensif et endoctrinement.

«L’intimidation commence immédiatement» dès leur arrivée au campement, décrit l'hebdomadaire. Pendant neuf jours, les adolescents vont s’affronter au paintball en étant séparés en plusieurs groupes. Avant les repas, les jeunes chantent l’hymne de l’Apartheid, sans vraiment savoir ce qu’il en est.

«Je ne sais pas ce qu’est l’Apartheid», avoue un enfant au journaliste.

Chaussés de bottes de l’armée, les jeunes s’entrainent dès 4 heure du matin, explique le journal. Les jeunes vivent une expérience semblable à la guerre: ils parcourent la forêt, établissent des campements, lancent des offensives contre les autres groupes. Les conditions sont rudimentaires, ils se nourrissent exclusivement de conserves de légumes.

«Les jeunes ont les visages de plus en plus marqués par l'épuisement», affirme le Mail & Guardian.

A la fin de ces neufs jours intensifs, le discours des adolescents change complètement. EC, 16 ans, a participé à ce programme pour perfectionner ses aptitudes au paintball, relate le journal. Au début du séjour, il assure être contre le racisme et explique qu’il a deux amis noirs.

«La formation m'a appris qu’on doit détester les Noirs, déclare EC. Ils tuent tous ceux qu’ils croisent leur chemin. Je ne peux plus être ami avec Thabang et Tshepo

Après l’Apartheid, Franz Joost a rejoint le groupe d’extrême droite AWB. L’année dernière, le camp a signé un pacte d’unité avec le AWB et les Suidlanders, groupuscule d’extrême droite qui attend l’Apocalypse. Pourtant, il assure que «tout ce que nous voulons faire, c'est canaliser le sentiment qu’ils éprouvent au fond d’eux. Nous ne voulons pas les pousser à haïr.»

Peu après la parution de ce reportage, le parti d’opposition Alliance Démocratique a demandé à la Commission des Droits de l’Homme d’Afrique du Sud (SAHRC) d’ouvrir une enquête sur ce camp, annonce le iafrica.

«Cet entrainement comprend l’apprentissage des armes et l’endoctrinement politique visant à favoriser la haine raciale», a déclaré le porte-parole Mmusi Maimane.

Lu sur Mail & Guardian, iafrica

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