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Guinée Equatoriale - A qui profite les biens mal acquis à Paris?
C’est avec un camion de déménagement que sont arrivés, le 14 février, magistrats et forces de l’ordre pour mener une perquisition au domicile parisien de Teodoro Obiang, fils du président de la Guinée Equatoriale.
La vingtaine de policiers de l'Office central de répression de la grande délinquance financière a débarqué en force devant le 42, avenue Foch, dans le XVIème arrondissement de Paris, rapporte Libération.
Les juges d’instructions Roger Le Loire et René Grouman enquêtent depuis plus d’un an sur les biens mal acquis, détenus en France par des dignitaires africains. Saisis par l’association Transparency International France (TIF), les magistrats tentent de savoir si ces acquisitions par les familles d'Ali Bongo (Gabon), Denis Sassou N'Guesso (Congo-Brazzavile) et Teodoro Obiang relèvent du recel et du blanchiment de détournement de fonds publics étrangers.
D’une superficie estimée à 6.000 mètres carrés sur six étages, la propriété des Obiang comporte une discothèque, un hammam, un salon de coiffure et objets de grande valeur, dont des pièces de collections Yves Saint Laurent acquises aux enchères il y a trois ans pour plus de 18 millions d’euros, précise la BBC.
Selon la cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin, ces biens ont été payés par «la Somagui Forestal, société forestière sous contrôle de Teodoro Obiang», alors qu’il était ministre de l'Agriculture et des Forêts, rapporte l'AFP.
Devenu délégué permanent adjoint à l'Unesco fin 2011, la question d’une éventuelle immunité pourrait se poser. Seul Maître Pardo, avocat de la famille Obiang, était présent au moment de la perquisition:
«Il s'agit du territoire de la Guinée équatoriale… C'est une mission diplomatique» a-t-il déclaré avant d’ajouter que cette perquisition est une «atteinte grave aux principes diplomatiques internationaux». «Imaginez ce qui se passerait si la même chose se déroulait en Guinée-Equatoriale avec un bâtiment diplomatique français», rapporte Libération.
Selon la BBC, si mardi soir les autorités de Malabo n’avaient toujours pas réagi, pour le ministère français des Affaires étrangères «cet appartement relève du droit commun».
«Les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’instruction s’accélère, elle va s’élargir à d’autres biens» a déclaré William Bourdon, l’avocat de TIF, rapporte Libération.
Lu sur Libération, BBC, AFP
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