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Tunisie - Le Qatar, «dégage»?

L'émir du Qatar invité d'honneur des célébrations du premier anniversaire de la révolution en Tunisie, tout un symbole? Certains Tunisiens y ont en tout cas vu un aveu de la part du nouveau gouvernement tunisien. Un aveu qui tend à démontrer le rôle joué par le Qatar au pays du Jasmin depuis la chute de Ben Ali.

Alors que plusieurs chefs d'Etat arabes étaient conviés aux célébrations de l'anniversaire de la fuite du dictateur déchu, c'est bien le Qatar qui a retenu l'attention. Le site Tunisie numérique indique que samedi 14 janvier, des manifestants ont scandé le célèbre «Dégage!» à Hamad Ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar qui effectuait une visite officielle de deux jours à Tunis.  

Ainsi, selon Tunisie Numérique,  plus de 3.000 manifestants se seraient réunis avenue Habib Bourguiba au centre-ville de Tunis pour protester contre la venue du Qatar.

«Ni l’Amérique ni le Qatar, le peuple tunisien est libre!», «Travail, liberté, dignité!» «Le phosphate est la solution, prenez votre argent et dégagez les Qataris!» se sont exclamés les progressistes et les militants du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) qui participaient à la manifestation.

La thèse d'un complot américain se cachant derrière le Qatar suit de plus en plus son chemin en Tunisie. Mais tous ne cautionnent pas cette hypothèse, comme l'affirme le site Internet Kapitalis:

«On a entendu à peu près tout, et n’importe quoi. [...] L'homme qui a le plus canalisé la détestation d’une partie des Tunisiens, c’est l’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, que beaucoup accusent d’être le bras politique et médiatique des Etats-Unis dans la gestion du "printemps arabe".»

Le site Internet nuance toutefois les rumeurs au sujet de la volonté du Qatar de prendre le contrôle de la Tunisie.

«On peut, bien sûr, trouver excessive et injustifiable l’implication de la petite monarchie gazière dans la gestion des révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne, yéménite, bahreïnie et syrienne. Et, en Tunisie, le parti Ennahdha, dominant dans l’actuelle coalition gouvernementale, est considéré comme l’un de ces "relais". Pour ce qui est de notre pays, ce ne sont pas les quelques dizaines de millions de dinars que le Qatar s’apprête à injecter dans une économie en berne qui vont influer les orientations de la transition actuellement en cours.»

Avant de conclure:

«Dire qu’un petit émirat gazier, dont la naissance remonte à une quarantaine d’années, pourrait avoir une influence sur un pays, la Tunisie, dont l’histoire remonte à 3.000 ans et qui dispose d’un Etat central et d’une administration depuis au moins trois siècles et demie, participe d’une ignorance crasse de l’histoire de notre pays, ou bien d’une mauvaise foi manipulatrice.»

Il n'empêche que la crainte d'une colonisation de la Tunisie par les pays du Golfe inquiète de plus en plus. Et illustre bien la volonté des Tunisiens de ne pas se faire voler leur révolution. Avec l'idée que tout reste à faire.

Lu sur Kapitalis, Tunisie Numérique

 

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