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Niger: duel serré au second tour de la présidentielle
Entre Mahamadou Issoufou et Seïni Oumarou, les électeurs nigériens se choisissent samedi 12 mars 2011 un nouveau président. Un second tour qui doit consacrer le retour à la démocratie.
L’élection du nouveau président de la République du Niger a lieu le 12 mars 2011, dans le cadre du second tour. Un scrutin qui doit ainsi consacrer le retour à la démocratie et à l’ordre constitutionnel, après la parenthèse de la junte militaire qui a renversé le président Mamadou Tandja le 18 février 2010. Ce dernier avait modifié la Constitution au terme de ses deux mandats constitutionnels pour se maintenir au pouvoir. Et cela, non sans susciter l’ire de l’opposition nigérienne et d’une grande partie de la communauté internationale.
Après le premier tour du 31 janvier 2011, c’est l’opposant Mahamadou Issoufou du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) qui est arrivé en tête avec 36,06% des voix, contre 23,24% pour Seïni Oumarou du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) de l’ex-président Mamadou Tandja. Son ancien Premier ministre Hama Amadou, qui avait eu maille à partir avec lui pour cause d’éviction du parti et de révision constitutionnelle, est arrivé troisième avec 19,82%, et devrait certainement jouer les faiseurs de roi.
«Nous sommes sortis réconfortés des élections, nous avons plus de confiance en l’avenir», a déclaré le directeur de campagne du MNSD, cependant que Mahamadou Issoufou se disait «totalement satisfait des résultats obtenus».
L'accord pré-électorale vol en éclats
Avant le premier tour, le Mouvement démocratique nigérien pour une Fédération africaine (Moden/ FA-Lumana) de Hama Amadou et le MNSD-Nassara de Seïni Oumarou avaient conclu un accord dans un creuset d’une vingtaine de partis politiques pour constituer un front anti PNDS de Mahamadou Issoufou. Lequel front se promettait, par ailleurs, de former un gouvernement de coalition dans la perspective de la victoire de l’un de ses candidats. Mais cet accord n’a pas résisté aux tractations politiques d’avant le 12 mars, avec l’implication du guide libyen Mouammar Khadafi et autres. Rien n’est donc gagné d’avance ni pour l’un ni pour l’autre. Un second tour qui s’annonce difficile, malgré tout.
Hama Amadou s’est trouvé face à un dilemme cornélien, à devoir choisir quand même. Entre ses adversaires d’hier (le PNDS) et ceux d’aujourd’hui (le MNSD). Même si ce dernier reste son parti naturel, il a ainsi préféré une alliance avec le PNDS-Tarayya. A l’opposé, la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama) de l’ancien président Mahamane Ousmane est restée divisée sur le soutien de l’un ou l’autre des deux candidats. Après que le bureau politique du parti a clairement appelé à voter le candidat du MNSD-Nassara.
Ce qui n’est pas sans inquiéter ceux qui pensaient faire du second tour une simple formalité. Pour barrer la route d’un retour au pouvoir des anciens partisans de «Tazartché» (la continuité en langue haoussa du pouvoir Tandja). Et qui continuent de se poser des questions sur le vote des Nigériens en faveur du parti du président déchu.
Consignes de vote
Au nom de l’alliance conclue avant le premier tour et de la fidélité à ses engagements, le parti de l’ex-président Mahamane Ousmane estime qu’il faut faire preuve de clairvoyance et promouvoir la bonne conduite ainsi que l’éthique dans l’arène politique.
«Aussi, le bureau politique de la CDS-Rahama apporte-t-il son soutien sans faille au candidat du MNSD-Nassara, Seïni Oumarou, pour le 2e tour des élections présidentielles, prévu pour le 12 mars 2011, et demande à tous ses militants et sympathisants et à l’ensemble des électeurs et électrices, de se mobiliser et de lui accorder massivement leurs suffrages.»
La grande inconnue demeure la junte militaire qui peut, même si rien ne sera plus comme avant, craindre un retour immédiat au pouvoir des hommes de l’ancien président Mamadou Tandja. En orientant, d’une manière ou d’une autre, l’issue du scrutin. Aux commandes du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), le général Salou Djibo entend bien respecter sa parole d’honneur. Gageons qu’il en sera ainsi, quel que soit le cas de figure.
Mais en attendant, l’après-présidentielle promet une véritable recomposition de la scène politique nationale, après l’épisode de la parenthèse militaire née du coup d’Etat du 18 février 2010.
Marcus Boni Teiga