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Quand l'Afrique rêve de conquête spatiale
De nombreux Etats du continent ont réussi à placer des satellites en orbite ces dernières années. Et de nouveaux acteurs ambitieux entrent sur le marché.
En Afrique, le ciel étoilé scintille comme rarement ailleurs à la nuit tombée. Un spectacle magique qui est aussi la conséquence d'un mal qui entrave le développement du continent: la faible électrification des campagnes et de certaines villes. Mais si les citoyens africains contemplent les étoiles, leurs dirigeants rêvent depuis longtemps de les approcher.
On se souvient, sourire aux lèvres, de l'aventure pittoresque de la «troposhère V» en 2010. Une tentative de lancement de fusée par une équipe de chercheurs congolais, avec un budget très réduit. Le gouvernement n'avait pas accompagné véritablement le projet, mais le ministre des Télécommunications s'était déplacé sur les lieux. La scène avait quelque chose de presque comique: le lancement complètement raté avec un crash au bout de quelques secondes et des réactions de joie béate devant les caméras.
L'ambition de l'Ethiopie
Heureusement, la conquête spatiale africaine n'est pas seulement une blague. L'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, a lancé son premier satellite en 1999, avec l'aide du Danemark. Depuis, le pays de Nelson Mandela, a continué à avancer dans ce domaine. En 2010, était créée l'Agence spatiale nationale sud-africaine.
L'Egypte a également investi le ciel pour lancer des satellites militaires avec l'aide de son partenaire russe. Le président Al-Sissi est désormais un solide allié de Vladimir Poutine dans la région. Au Maghreb, l'Algérie et le Maroc ont également mis en service ces dernières années des satellites pour améliorer la cartographie des espaces urbains locaux ou prévenir des catastrophes naturelles.
Comme le rapporte le site d'information Quartz, c'est désormais l'Ethiopie qui s'impose comme l'acteur africain le plus ambitieux dans le domaine spatial. Le ministre des Sciences et Technologies a annoncé fin janvier que son pays serait capable de placer un satellite en orbite d'ici trois à cinq ans, avec l'objectif d'améliorer les prévisions météorologiques locales. Une ambition qui fait suite à un lancement opéré en 2015 par l'observatoire astronomique d'Entoto, un acteur privé qui bénéficie d'un budget de plusieurs millions d'euros.
Les acteurs privés en avance sur les Etats
Plus que les Etats, ce sont plus sûrement de puissantes entreprises technologiques qui domineront le ciel africain dans les prochaines années. Comme nous l'expliquions ici, des poids lourds de l'aéronautique lorgnent sur l'Afrique. Lors d'un sommet à Brazzaville en 2015, Chris Anderson, l'ex-patron de la revue référence sur les nouvelles technologies, Wired, théorisait l'avènement des drones civils et leur futur rôle pour offrir le haut-débit à l'Afrique, lors d'une .
«Les drones sont moins onéreux que les satellites et peuvent voler plus bas ce qui permet une meilleure couverture pour un moindre coût. Les drones peuvent ainsi voler sous les nuages et offrir une meilleure résolution», expliquait l'Américain.
Mais un acteur de poids de l'aéronautique lorgne aussi sur le marché africain et ne voit pas les choses sous cet angle. Adel Fekih, vice-président en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient du groupe Airbus, déclarait lors du Forum Forbes que le géant européen ambitionnait de déployer des satellites dans le ciel du continent africain.
«Airbus va fournir 900 satellites qui vont voler à 12.000 km d'altitude contre 36.000 km pour des satellites classiques. Cela va nous permettre d'atteindre des régions reculées et de manière plus fiable. Cette innovation va également nous permettre de fournir un réseau pour les bateaux ou les avions», expliquait Adel Fekih, vice-président en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient du groupe Airbus
La bataille pour le ciel africain ne fait que commencer.