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Frappé par la famine, le Soudan du Sud veut taxer les travailleurs humanitaires
Le gouvernement de Juba veut imposer une taxe de 10.000 dollars par employé d'ONG.
C'est un pays en plein chaos. Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud est désormais frappé par une famine terrible alors que la guerre civile entre milices se poursuit dans les régions pétrolifères du nord à la frontière avec le Soudan. Acculé, le régime de Juba veut maintenant faire payer les ONG qui oeuvrent dans le pays de 10.000 dollars par travailleur humanitaire, rapporte le magazine Foreign Policy.
Le gouvernement veut plus précisément imposer une taxe de 10.000 dollars pour chaque «professionnel» de l'humanitaire qui oeuvre au Soudan du Sud, et 2.000 dollars pour chaque «col bleu» des ONG, autrement dits employés qui occupent des tâches de maintenance. Avant cette décision, un permis de travail pour un travailleur de l'humanitaire étranger était de 100 dollars.
Cette hausse est «absolument inouïe à l'échelle mondiale. Aucune organisation ne peut s'autoriser cela, et si les ONG demandent aux donateurs institutionnels un budget supplémentaire, je suis quasiment sûr que les donateurs seront réticents à avancer plus d'argent pour rien», a confié Julien Schopp, directeur chez l'ONG InterAction, au magazine Foreign Policy.
La situation des ONG est déjà très compliquée au Soudan du Sud. Les forces rebelles et gouvernementales prennent régulièrement pour cible des organisations humanitaires. En août 2016, des militaires soudanais ont violé et tué des employés étrangers d'ONG et des journalistes locaux.
En février, l'ONU a déclaré officiellement une partie du pays en situation de famine, avec 100.000 personnes déjà concernées par de sévères privations de nourriture et 5 millions d'habitants en plus qui seraient potentiellement menacés.