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La renaissance timide de la culture berbère
La langue berbère, le tamazight, est devenue une langue officielle du Maroc aux côtés de l’arabe, depuis l’adoption de la nouvelle Constitution par référendum en juillet 2011. Une vraie victoire pour la communauté berbère dont les enfants peuvent à nouveau apprendre librement leur langue maternelle. Néanmoins, le tamazight «peine à trouver sa place» dans la société marocaine, selon la correspondante du quotidien La Croix à Casablanca.
A quelques kilomètres de là, dans une école primaire, Samira Aït Said enseigne le tamazight. Elle explique sa joie de voir sa langue maternelle, cette langue de tradition millénaire, reconnue:
«Mes parents sont analphabètes. Quand ils sont arrivés il y a trente ans, parler leur langue dans la rue, au souk ou au hammam était très mal vu. Aujourd’hui, ils ont l’impression d’être enfin reconnus, qu’on défend leur histoire et leurs racines».
L’ouverture vers la culture berbère (ou amazighe) longtemps discriminée a été amorcée depuis l’avènement du roi Mohammed VI, il y a une dizaine d’années. Depuis près de deux ans, les Berbères ont leur chaîne de télévision, «Tamazight», une chaîne publique généraliste qui propose divers programmes en langue berbère.
Cependant, la culture berbère a encore du chemin à faire pour être acceptée de tous. L’enseignement de sa langue est dorénavant obligatoire en primaire. Mais, pour le moment, il ne concerne que 15% des écoliers. Pour Ahmed Boukouss, recteur de l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam) à Rabat,
«On manque de professeurs. Il y a clairement des résistances au sein du ministère de l’Education, mais aussi au sein des partis politiques».
Par ailleurs, le tamazight est souvent délaissé car il n’offre pas de débouchés satisfaisants:
«On dit chez nous que ‘le tamazight ne donne pas de pain’. Pour éviter l’échec scolaire de leurs enfants, les berbérophones ne leur parlent plus la langue maternelle», explique Rachid Raha, rédacteur en chef du Monde amazigh, publication dédiée à la culture berbère.
Politiquement, les Berbères doivent aussi faire face aux islamistes, ces «puristes de l’arabe classique», «qui voient d’un mauvais œil toute référence à une civilisation antérieure à la venue du prophète». Les autorités avaient d’ailleurs tranché en faveur des islamistes, lors de l’élaboration de la Constitution, en refusant l’abandon du caractère «musulman» de l’Etat, demandé par le représentants de la culture amazighe.
Lu sur La Croix
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