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Au Kenya, des écolières se cachent dans les écoles pour échapper à l'excision
Des jeunes filles évitent de rentrer dans leur famille pour la période des fêtes, de peur d'être victimes de mutilations génitales.
Dans certaines régions du Kenya, la tradition de l'excision des jeunes filles est ancrée depuis des décennies. C'est par exemple le cas au sein du peuple masaï où les adolescentes sont souvent excisées avant leur mariage. Selon les données de l'Unicef, 49% des femmes kényanes âgés de 45 à 49 ans ont subi une mutilation de leur appareil génital au cours de leur vie. Si cette proportion chute à 15% ches les filles âgées de 15 à 19 ans, cette pratique barbare est toujours solidement implantée parmi certaines ethnies qui composent la population du pays.
Le site d'information Les Observateurs rapporte ainsi que dans le Pokot, un comté situé à l'extrême ouest du Kenya, 85% des femmes sont excisées. Et pour les écolières, la période de Noël est celle de tous les dangers.
«Décembre est la "saison" des mutilations génitales. Ces vacances durent 64 jours de début novembre à fin décembre. Les autres périodes de vacances, en avril et en août, ne durent que deux semaines. Quand les filles rentrent chez elle pendant une période aussi longue, les familles en profitent pour organiser les cérémonies traditionnelles de passage à l’âge adulte, donc excision et mariage», confie une activiste locale anti-excision au site Les Observateurs.
Impunité
Deux lois votées au Kenya en 2001 puis 2011 ont interdit l'excision et renforcé les peines contre les personnes à l'origine de mutilations génitales. Mais, les autorités sont encore peu enclines à entamer des poursuites judiciaires, comme l'expliquait le journal britannique The Guardian en 2014. Une impunité qui profite aux coupables.
En plus de mutiler des jeunes filles, l’excision, souvent réalisée avec un instrument non stérilisé, augmente les risques de transmission du VIH. Les opérations, souvent faites à l’aide de lames de rasoir, peuvent causer des hémorragies, des infections, voire la mort. Elles entraînent aussi de graves conséquences physiques et psychologiques tout au long de la vie des femmes, comme le rappelle l'Organisation mondiale de la santé.