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Après Trump et le Brexit, le message aux Africains est clair: restez chez vous
Le nouveau président élu des Etats-Unis et les partisans du Brexit ont attisé le sentiment anti-immigration.
Aux Etats-Unis, le nombre d'immigrés originaires du continent africain a explosé ces dernières décennies. Selon une étude du Pew Research Center:
«Il y avait 1,8 million d'immigrés africains qui vivaient aux USA en 2013, soit 881.000 de plus qu'en 2000 et une hausse encore plus substantielle depuis les années 1970 où seulement 80.000 immigrés nés en Afrique étaient installés dans le pays».
L'une des causes de cette tendance a été l'adoption de nouvelles lois américaines dans les années 1980 et 1990 qui ont facilité les obtentions de demandes d'asile pour les réfugiés issus de zones de conflits. Avant le Refugee Act de 1980, les réfugiés ne représentaient que 1% des immigrants africains aux Etats-Unis, contre 32% aujourd'hui, note le Pew Research Center.
Mais avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, la courbe pourrait bientôt s'inverser. Surtout quand on ajoute à cela le Brexit, le référendum qui a vu le Royaume-Uni voté sa sortie de l'Union européenne.
«Un combattant nationaliste en faveur de l’Amérique blanche»
Ces deux scrutins populaires ont en effet été marqués par les propos anti-immigration tenus par les vainqueurs des urnes.
Aux Etats-Unis, Donald Trump a été pendant sa campagne d'une violence inouïe. Le candidat républicain a stigmatisé à de très nombreuses reprises les immigrés africains ou musulmans qui volaient le travail des «honnêtes travailleurs américains».
Lors d'un discours donné à l'université de Wichita au Kansas, lors de la primaire républicaine en janvier 2016, Donald Trump avait notamment déclaré:
«Pour rendre sa grandeur aux Etats-Unis, nous devons expulser les musulmans, les Mexicains et les Africains, spécialement les Nigérians. Ils prennent nos emplois, les emplois des honnêtes américains qui travaillent dur».
Pour Jamelle Bouie, journaliste pour le site américain Slate.com et citoyen noir, Trump a joué sur le communautarisme blanc pour l'emporter.
«Trump s’est présenté comme un combattant nationaliste en faveur de l’Amérique blanche. Il a promis de chasser les immigrants hispaniques. Il a promis de chasser les musulmans des Etats-Unis. Il a refusé de reconnaître la légitimité de Barack Obama, le présentant jusqu’à aujourd’hui comme une sorte d’usurpateur de l’autorité légitime», écrit-il sur Slate.com.
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On comprend donc aisément, que si l'on doit se fier au discours de campagne de Donald Trump, les immigrés africains ne sont plus vraiment les bienvenus aux Etats-Unis – même si sa politique sera peut-être plus nuancée. D'ailleurs, quand on lit les analyses du magnat de l'immobilier sur l'Afrique sur son compte Twitter, on tremble d'effroi. «J'aime vraiment Nelson Mandela mais l'Afrique du Sud est une bombe criminelle à retardement qui attend juste d'exploser et n'est pas une bonne situation pour les gens!», lançait-il par exemple en 2013.
I really like Nelson Mandela but South Africa is a crime ridden mess that is just waiting to explode-not a good situation for the people!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 13 décembre 2013
Un mur imaginaire
L'immigration a également fait office de bouc émissaire dans la campagne des partisans du Brexit, Nigel Farage, l'ancien président du UK Independence Party (UKIP), en tête.
«Nigel Farage, le leader du parti d'extrême-droite de l'UKIP a parlé d'un "point de rupture" et a affirmé avec succès pendant des mois que tous les maux du Royaume-Uni venaient de l'immigration», souligne le site Quartz.
Au lendemain de l'élection de Trump, de nombreux citoyens de divers pays africains ont fait le constat sur les réseaux sociaux que les électeurs américains ne voulaient plus d'eux.
Ultimately, the story of last night for us Africans is simple. Build your own house.
— Editi Effiòng (@EditiEffiong) 9 novembre 2016
«Finalement, l'histoire de la nuit d'élections américaine est simple pour nous Africains. Nous avons à construire notre propre maison», tweet par exemple un certain Editi Effiòng.
Une barrière mentale sépare désormais le continent africain des Etats-Unis.
«À travers le monde, les gens se demandent ce que signifiera Trump à la Maison-Blanche. Les Mexicains s'inquiètent même de savoir si le mur va vraiment être construit. Mais Trump n'aura pas à construite un mur physique entre l'Afrique et les Etats-Unis dans les prochaines années. La plupart du temps, cela sera sans doute comme s'il existait vraiment», conclut le site d'informations Quartz.