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La libération de 21 lycéennes de Chibok en annonce t-elle d'autres?
Le gouvernement nigérian a annoncé la libération de 21 des 218 lycéennes toujours retenues par Boko Haram.
Pendant plus de deux ans, le Nigeria n'a eu aucune nouvelle des 219 lycéennes – 276 avaient été initialement kidnappées mais 57 avaient réussi à fuir dans les heures suivantes – enlevées dans leur lycée à Chibok par Boko Haram dans la nuit du 14 au 15 avril 2014. Puis, le 17 mai 2016, une des jeunes filles était retrouvée vivante dans la forêt de Sambisa, fief du groupe terroriste.
D'abord annoncée par les familles des victimes, la nouvelle avait été conformée par l'armée nigériane. Surtout, le témoignage de cette survivante avait donné espoir à tout un pays et à des centaines de familles sans nouvelles depuis de très longs mois.
«Elle a dit que selon ses souvenirs, peut-être la moitié des filles sont toujours là-bas. Six de celles qu'elles connaissaient sont mortes. Ils les gardent dans la brousse à Sambisa. C'est une région surveillée et contrôlée par Boko Haram, donc on ne connaît pas leurs conditions de détention», avait confié Abana Lawan, une activiste nigériane, au site Buzzfeed.
Des négociations à succès
Cinq mois après ce regain d'optimisme, 21 jeunes adolescentes supplémentaires ont été libérées par le groupe Boko Haram. Sur son compte Twitter, l'un des portes-paroles du gouvernement a affirmé jeudi 13 octobre que cette vague de libération arrivait après de longues négociations avec l'organisation djihadiste.
«La libération des filles, dans un nombre limité, est le résultat de négociations entre l'administration et Boko Haram», a écrit Mallam Garba Shebu sur le réseau social.
The release of the girls, in a limited number is the outcome of negotiations between the administration and the Boko Haram...
— Mallam Garba Shehu (@GarShehu) 13 octobre 2016
Le président du Nigeria, Muhammad Buhari, a également commenté la nouvelle quelques minutes plus tard. «Comme je quitte Abuja pour l'Allemagne pour une visite officielle, je salue la libération de 21 de nos filles de Chibok à la suite de négociations réussies.»
As I depart Abuja for Germany on an Official Visit, I welcome the release of 21 of our Chibok Girls, following successful negotiations.
— Muhammadu Buhari (@MBuhari) 13 octobre 2016
Avant le retour de ces 21 otages un grand nombre de ces jeunes filles étaient apparues dans une vidéo postée début août par leurs ravisseurs sur YouTube, après des mois de silence et d’interrogations sur leur état de santé.
40 filles ont été mariées de force
Si d'autres libérations sont maintenant attendues, il est difficile de savoir combien de lycéennes ont été tuées par le groupe terroriste ou mariées de force.
«Il n'est pas clair si le gouvernement nigérian sera capable de récupérer toutes les élèves kidnappées il y a plus de deux ans. En août, Boko Haram avait affirmé qu'environ 40 d'entre elles avaient été mariées et qu'un nombre non spécifié avait été tué par des bombardements de l'armée nigériane», note le site Quartz.
Pour Yan St-Pierre, directeur du Modern Security Consulting Group et interrogé par l'AFP, cet échange «montre que Boko Haram a besoin de ressources, humaines ou financières (…) mais le petit nombre de filles libérées indique que leur prix est élevé et que le groupe doit garder des atouts dans sa poche».
La suite des négociations pour libérer les autres lycéennes toujours retenues par Boko Haram s'annonce donc compliquée. Mais cette première vague de libération est déjà une victoire pour les familles du mouvement #Bringbackourgirls, qui milite depuis 2014 pour leur libération.