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Pourquoi les mots de Mohammed VI contre le djihadisme sont si précieux
Le roi du Maroc a prononcé un discours offensif contre le terrorisme fin août.
L'article 41 de la constitution marocaine fait de son roi le «commandeur des croyants». Un titre qui n'est pas qu'honoraire dans ce pays profondément musulman de 33 millions d'habitants. Une position qui donne à Mohammed VI, un monarque aimé de son peuple comme nous le racontions ici, une profonde légitimité à s'exprimer sur les dangers du djihadisme pour le monde musulman.
Le 20 août, celui qui se revendique comme étant de la lignée du prophète Mahomet, a eu des mots très forts contre le terrorisme islamiste lors de son discours pour le 63e anniversaire de la «révolution du roi et du peuple», le jour de l'indépendance marocaine.
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«Les terroristes qui agissent au nom de l’islam ne sont pas des musulmans. Ils n’ont de lien avec l’islam que les alibis dont ils se prévalent pour justifier leurs crimes et leurs insanités. Ce sont des individus égarés, condamnés à l’enfer pour toujours», a notamment déclaré Mohammed VI.
Sur Slate.fr, l'éditorialiste Henri Tincq, grand connaisseur de la religion musulmane, a salué une sortie médiatique courageuse.
«De l’avis de diplomates et de spécialistes de l’islam interrogés dans la presse, en France et au Maghreb, une condamnation aussi directe et solennelle de l’idéologie djihadiste et de la dérive islamiste est sans précédent. Et ce discours représente un tournant. Même s’il faut s’interroger sur son impact et sa réelle efficacité», nuance t-il.
«Il est maintenant temps de choisir»
Dans sa prise de parole, le fils d'Hassan II a également appelé les croyants de tous bords à s'unir dans la lutte contre le djihadisme. Il a ainsi invité «tous les musulmans, les chrétiens et les juifs»à «dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion».
Le magazine Foreign policy estime, de son côté, que le plus important dans le discours de Mohammed VI est peut-être encore ailleurs. «Finalement et peut-être le plus important de la part du dirigeant d'un pays musulman, Mohammed VI a défendu le fait qu'il est maintenant temps de choisir entre ce qu'il considère comme le véritable islam et sa version mensongère qui est mise en avant par ceux qui attaques des civils innocents» a-il-dit.
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«Il est aussi temps pour les leaders occidentaux de l'applaudir longuement et de l'encourager, et d'encourager aussi les autres dirigeants de pays musulmans à parler comme Mohammed VI l'a fait», conclut Foreign Policy.
Le Maroc n'a plus été touché par un attaque terroriste depuis l'attentat de Casablanca en 2003, où des terroristes avaient fait 41 morts et des dizaines de blessés, et est régulièrement montré comme un exemple à suivre dans la région concernant le travail de prévention contre la radicalisation des jeunes. musulmans.